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Drancy: des wagons de produits toxiques sèment l'inquiétude

Un passage au-dessus des voies qui traversent Drancy.

Un passage au-dessus des voies qui traversent Drancy. - -

Des wagons de chlore gazeux ou d'ammoniac à quelques dizaines de mètres des habitations: le transit de matières dangereuses par la plateforme de Drancy, principale gare de triage de la région parisienne, inquiète élus et riverains qui redoutent un nouveau "Lac Mégantic" aux portes de Paris.

Faut-il craindre un nouveau "Lac Mégantic" à quelques kilomètres de Paris? C'est en tout cas ce que redoutent les habitants et les élus de Drancy, en Seine-Saint-Denis, où des wagons de matières dangereuses transitent à quelques mètres des habitations, par la principale gare de triage de la région parisienne.

Dotée de 48 voies ferrées, cette zone de fret longue de trois kilomètres, à cheval sur trois communes de Seine-Saint-Denis (Drancy, Le Blanc-Mesnil et Le Bourget), accueille chaque année près de 250.000 wagons de marchandises... dont 13.000 chargés de matières très polluantes et potentiellement explosives.

Chlore, acide sulfurique, déchets nucléaires

"Il y a du chlore, de l'acide sulfurique, et parfois même des convois de déchets nucléaires, qui stationnent sur les voies", détaille Alain Ramos, porte-parole du collectif des riverains de la gare de triage (Corigat). "Ici, on est en pleine zone urbaine. En cas d'accident, ce serait catastrophique".

Samedi, les militants du collectif organiseront une vaste chaîne humaine, en présence d'élus, pour demander l'interdiction du transit de matières dangereuses sur le site. Ils porteront ensuite une pétition à Matignon, mi-octobre, pour faire part de leurs préoccupations.

"Beaucoup de gares de triage ont été supprimées en France. Du coup, les wagons dangereux sont concentrés sur quelques sites", explique Alain Ramos, qui pointe les "incohérences" des autorités vis-à-vis du site de Drancy, l'une des trois principales gares de triage de l'Hexagone avec Woippy, en Moselle, et Sibelin, dans le Rhône.

"Ce qui est arrivé au Québec pourrait très bien arriver ici"

Au coeur des inquiétudes: un arrêté préfectoral signé en avril 2013, qui interdit toute nouvelle construction dans un périmètre de 620 mètres autour de la gare, sans pour autant proposer de solutions pour les habitants du secteur.

"L'Etat empêche de nouvelles populations de s'installer, mais ne fait rien pour les habitants déjà installés dans le périmètre. On marche sur la tête", s'étrangle Didier Mignot, maire PCF du Blanc-Mesnil, dont 20% du territoire se trouve frappé par l'interdit.

"Soit le danger est avéré et on évacue les habitants, soit le danger n'est pas significatif et on n'empêche pas les constructions dans le secteur", abonde le député-maire de Drancy, Jean-Christophe Lagarde (UDI), qui s'était alarmé, en 2012, de l'absence de "plan de protection" pour les habitants en cas d'accident.

La catastrophe de Lac Mégantic, où 47 personnes ont trouvé la mort après l'explosion d'un convoi de wagons-citernes début juillet, a ravivé les inquiétudes. Alain Ramos estime que "ce qui est arrivé au Québec pourrait très bien arriver ici, même si le contexte est différent".

M.R. avec AFP