Des dispositifs "inédits" pour lutter contre les retards des trains Paris-Clermont

Plus de sept heures de retard par grand froid. La nuit de galère, le 19 janvier dernier, de plus de 700 passagers sur la ligne Paris-Clermont, parmi les moins fiables du réseau, avait poussé une semaine plus tard le gouvernement à demander un "plan d'action à très court terme" à la SNCF.
C'est chose faite. Des mesures "inédites" ont été présentées par trois ministres et un trio de dirigeants de la SNCF qui ont fait le déplacement vendredi dans la capitale auvergnate. Celles-ci visent à améliorer le trafic de cette ligne Intercités, connue pour ses retards à répétition.
La SNCF va donc mettre en place, à partir de fin mars et dans les semaines qui suivent, un dispositif qui "n'existe sur aucune autre ligne", a souligné le ministre de la Transition écologique, Christophe Béchu, qui affiche son objectif de mettre fin à une situation "insupportable".
Retard de plus de trois heures tous les quinze jours
Selon les chiffres avancés vendredi par le ministre, un retard de plus d'une heure est relevé en moyenne deux fois par semaine, et un retard de plus de trois heures tous les quinze jours. Environ 40% des retards sont liés "au ferroviaire", souvent des pannes de locomotive, et 60% à des causes externes (intrusion sur le réseau, intempéries, présence de gibier...).
Le ministre, accompagné du PDG de la SNCF, Jean-Pierre Farandou, et des patrons de SNCF Réseau et SNCF Voyageurs, a présenté un programme destiné à "agir sur les causes des grands retards", en trois axes: ajouter des locomotives, protéger les voies et améliorer la gestion de crise.
Parmi les principales mesures, les derniers trains de la journée (dans chaque sens) seront suivis par une locomotive de secours à partir du mois de mai. Entre temps, fin mars, une locomotive statique de dépannage sera stationnée à Nevers, à peu près à mi-chemin entre les deux terminus, ce qui doit permettre de réduire de deux heures à 30 minutes le temps d'intervention en cas de panne.
"Grande première"
"Nevers devient le centre névralgique de gestion", souligne Jean-Pierre Farandou. Une équipe d'intervention rapide de maintenance doit aussi y être installée en septembre. Côté sécurisation des voies, il est prévu un large programme de pose de clôture et de débroussaillage.
"On va traiter cette ligne comme on traite une ligne à grande vitesse", a souligné M. Farandou devant les journalistes, "une grande première" pour une ligne classique. "A défaut d'avoir une ligne à grande vitesse, il faut que les caractéristiques de cette ligne soient comparables en termes de confort et de sécurisation", a abondé Christophe Béchu dans son point de presse.
Ce programme coûtera 10 millions d'euros à SNCF Réseau d'ici à 2026 et 9 millions à SNCF Voyageurs. La SNCF prévoit aussi une meilleure prise en charge des voyageurs bloqués dans le train, et un meilleur remboursement en cas de grand retard. Le plan d'urgence intervient alors que la ligne fait l'objet d'un programme de "régénération" des infrastructures sur la période 2018-2026 à hauteur de 760 millions d'euros, ainsi qu'un programme de modernisation de 130 millions d'euros.
1,8 million de voyageurs en 2023
Douze nouvelles rames "Oxygène" ont été commandées, pour 350 millions d'euros, dont les premières doivent arriver "au mieux" au deuxième semestre 2025 et la totalité livrée dans les douze mois suivants, a précisé M. Béchu. "Globalement le compte y est", a réagi Stéphanie Picard, porte-parole du collectif des usagers du train Clermont-Paris, qui a assisté à la présentation.
"On va quand même attendre d'avoir la 'loco' à Nevers", a-t-elle ajouté, et "rester attentif" à l'après-2026, et au projet de long terme pour la ligne. Le collectif aimerait voir un trajet réduit à deux heures et demie, contre un peu plus de trois heures. Pour le lien avec les élus locaux et le suivi des travaux, un "Monsieur Paris-Clermont" a été désigné au sein de la SNCF. En 2023, 1,8 million de voyageurs ont emprunté la ligne.