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Comment le train bat à plate couture l'avion pour des trajets de moins de 2h30 en France

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Selon une étude du spécialiste d'achat de billets Trainline, en prenant en compte des trajets centre-ville à centre-ville, le rail peut être près de deux fois plus rapide que l'aérien qui cumule les contraintes chronophages.

Le train bénéficie actuellement en France d'un engouement sans précédent. Face aux enjeux climatiques notamment, il apparaît comme la solution pertinente pour voyager, face à l'avion qui cristallise de nombreuses critiques (sans pour autant perdre son attrait). Même l'argument principal de l'avion, la vitesse, est aujourd'hui contestée par le train grâce au large réseau hexagonal de TGV.

Ainsi, selon une étude* de Trainline, le principal concurrent de SNCF Connect, le rail peut être près de deux fois plus rapide que l'aérien pour des trajets inférieurs ou égal à 2h30.

"Si la durée du vol semble souvent avantageuse, elle ne reflète pas la durée d’un voyage aérien, incluant les trajets vers l’aéroport, l’attente avant l’embarquement et les contrôles de sécurité, sans compter d’éventuels retards liés aux contrôles et l'enregistrement", souligne la plateforme.

"Les gares, idéalement situées en centre-ville et bien desservies par les transports en commun, permettent aux voyageurs de réduire les trajets annexes. Même en tenant compte des 30 minutes d'avance recommandées par les opérateurs de train, il reste une option plus efficace que l'avion, dont les infrastructures éloignées rallongent le temps de total du voyage", poursuit Trainline.

Ainsi, selon cette étude (qui prend en compte un trajet de centre-ville à centre-ville):

  • sur Paris-Lyon: il faut compter 3h37 en avion et 2h11 en train
  • sur Paris-Bordeaux, c'est 3h53 en avion et 2h30 en train
  • sur Paris-Nantes, le trajet global est de 3h12 en avion et de 2h27 en train
  • sur Marseille-Lyon, il faut compter 3h03 en avion et 1h57 en train
  • sur Rennes-Paris, c'est 3h21 en avion et 1h44 en train

Un décret interdit les vols intérieurs lorsqu'un trajet en train de moins de 2h30 est possible

Une performance qui justifie de manière claire le décret de 2023 interdisant les vols intérieurs lorsqu'un trajet en train de moins de 2h30 est possible, une disposition emblématique de loi climat 2021.

Mais la portée de ce texte est réduite par de nombreuses exceptions. D'abord, l'interdiction ne concerne pas les vols en correspondance.

Par ailleurs, le décret précise que "le trajet doit s’effectuer entre des gares desservant les mêmes villes que les aéroports respectivement concernés. Toutefois, lorsque le plus important de ces deux aéroports, au vu du trafic moyen constaté au cours des sept dernières années, est directement desservi par un service ferroviaire à grande vitesse, la gare prise en compte (…) est celle desservant cet aéroport".

Pour les vols vers Roissy par exemple, c’est la gare TGV de l’aéroport qui est donc retenue et non une gare parisienne.

Résultat, certaines villes comme Bordeaux ou Nantes se retrouvent à plus de 2h30 de l’aéroport, permettant de maintenir les vols vers la capitale. Et pourtant, le train est bien plus compétitif en temps, sans parler des émissions de CO2 qui peuvent être presque 100 fois inférieures avec le train.

Toujours selon Trainline, qui s'est appuyé sur le calculateur de l'Ademe, un trajet en train Paris-Lyon émet plus de 90 kilos de CO2 par personne alors que ce même trajet en train ne rejette que 0,690 kilo.

En Europe, le train pénalisé par une faible vitesse moyenne

Autant d'arguments qui justifient le report modal vers le train. Reste que le cas français est un peu à part. Si on élargit l'échelle au continent européen, le constat est bien moins favorable au train. Faute de lignes à grande vitesse.

Une étude de 2023 publiée par la Commission européenne qui s'est penchée sur 1.356 liaisons de moins de 500 kilomètres entre des villes de l'UE montre que seulement 3% de ces trajets en train offrent des vitesses supérieures à 150km/h et 30% de ces liaisons se font même à moins de 60km/h en moyenne.

Conséquence directe de cette faible vitesse moyenne en Europe, sur 297 liaisons où le train et un vol direct sont simultanément disponibles, le train est plus rapide dans seulement 68 des cas.

*Les trajets en train ont été calculés via Trainline, ceux en avion via Skyscanner, et enfin ceux relevant des trajets annexes en transports en commun ont été rapportés grâce aux sites internet des transporteurs locaux.

Des points centraux de chaque ville française susceptible d’être concernée par cette mesure ont été identifiés en amont pour réaliser cette étude: Châtelet pour Paris, Place Bellecour pour Lyon, Place de la Bourse pour Bordeaux, Place Royale pour Nantes et la Place de la Mairie pour Rennes.

La durée de trajet indiqué pour chaque étape du trajet est la plus courte actuellement possible pour chacun des modes de transports. Il s’agit donc d’un temps minimum.

Olivier Chicheportiche Journaliste BFM Business