En Europe, la faible vitesse des trains donne encore des ailes à l'avion

Le report modal vers le train est l'une des priorités de l'Union européenne afin de faire baisser ses émissions de CO2. Et dans le même temps, états et opérateurs ferroviaires multiplient investissements et offres pour rendre le train plus attractif.
Si le train attire en effet de plus en plus de voyageurs, force est de constater que l'avion continue à tenir la corde pour de nombreuses liaisons inter-européennes, selon une récente étude publiée par la Commission européenne.
En cause, le maillage insuffisant dans de nombreuses régions du Vieux continent, le prix pour de nombreux voyageurs (notamment les plus jeunes, voir encadré ci-dessous) mais aussi une offre ferroviaire qui pêche encore par sa faible vitesse moyenne. Et qui ne fait donc pas le poids face à l'avion dans de nombreux cas.
La France au top de la vitesse
L'étude s'est ainsi penchée sur 1356 liaisons de moins de 500 kilomètres entre des villes de l'UE. Seulement 3% de ces trajets en train offrent des vitesses supérieures à 150 km/h et 30% de ces liaisons se font même à moins de 60 km/h en moyenne.

En cause, la faible généralisation des trains à grande vitesse, absents de plus de la moitié des États de l'Union. Mais là où ces lignes existent, la donne est évidemment différente.
La France dispose ainsi de 18 liaisons où la vitesse est supérieure à 150 km/h et offre 7 des 10 liaisons les plus rapides en Europe (toutes supérieures à 200 Km/h) avec notamment à la première place Paris-Bordeaux et sa vitesse moyenne de 239 km/h.

L'Espagne compte 10 liaisons où la vitesse est supérieure à 150 km/h et il en existe 8 en Italie. Résultat, 7,6% des trains en Europe du sud circulent à au moins 150 km/h contre 60% des itinéraires qui se font à moins de 60 km/h en Europe de l'est, présentée comme le parent pauvre de la vitesse ferroviaire.
Conséquence directe de cette faible vitesse moyenne en Europe, sur 297 liaisons où le train et un vol direct sont simultanément disponibles, le train est plus rapide dans seulement 68 des cas.
A 175 km/h, le train est systématiquement plus rapide que l'avion pour des trajets jusqu'à 500 km
L'étude montre pourtant que des vitesses d’exploitation par train d’environ 175 km/h seraient suffisantes pour que les trajets en train soient systématiquement plus rapides que les vols sur des distances allant jusqu’à 500 kilomètres.
Rappelons qu'un programme d'investissement de la Commission, baptisé Réseau Transeuropéen de Transport (RTE-T) vise à augmenter cette vitesse à 160 km/h, ce qui ferait passer à 103 sur 297 le nombre de lignes où le train est plus rapide que l'avion. De quoi faire baisser de 25% les émissions de CO2 de l'aérien en Europe, estime l'étude, et de 6% du temps de trajet des passagers sur ces liaisons.
Si ces résultats pourront décevoir les partisans de la transition écologique, il faut noter que les chiffres mis en avant datent de 2019. Depuis, de nombreux opérateurs ont apporté des améliorations à leurs offres, notamment à travers de nouveaux matériels roulant, permettant d'accentuer la vitesse de certaines liaisons.
A l'inverse, la création de nouvelles lignes à grande vitesse, très onéreuses, est loin d'être une priorité pour la plupart des États de l'Union. Au-delà de 500 kilomètres, l'avion a donc encore de beaux jours devant lui en Europe.
Les jeunes aiment le train mais utilisent leurs voitures...
S'il y a un vrai mouvement des jeunes vers le train, notamment les liaisons de nuit, l'attractivité du ferroviaire reste plombée par son prix, selon un sondage réalisé par Ipsos pour l’Alliance France Tourisme.
Ainsi, 65% des 18-34 ans déclarent qu'ils vont continuer à privilégier la voiture pour leurs prochaines vacances, 54% opteront pour l'avion et seulement 35% pour le train. En cause, "des offres de transports alternatifs et plus durables sûrement insuffisants en termes de maillage territorial, de variété de prix ou de praticité d’accès".
Certains pays (ou régions) de l'UE tentent néanmoins de contourner l'écueil du prix avec des réductions ou des cartes forfaitaires. Dernier épisode en date, l'Espagne: les 18 à 30 ans pourront profiter de réductions du 15 juin au 15 septembre pouvant atteindre 90% pour les lignes ferroviaires de courte ou moyenne distance et de 50% avec un maximum de 30 euros par billet pour les TGV du pays.