Bientôt un "métro" à grande vitesse en Europe? Trenitalia dévoile son nouveau train capable de rouler dans huit pays

Si en France, on assiste à des débats sans fin afin de mettre la main sur 1,5 milliard d'euros par an afin de sauver le réseau ferroviaire, en Italie, on dépense sans compter pour le train, bien aidé il est vrai par des fonds européens. Nos voisins vont ainsi investir pas moins de 102 milliards d'euros pour la maintenance et la modernisation du réseau ferré jusqu'en 2029.
Et aujourd'hui, Trenitalia (filiale de l'opérateur historique FS) a annoncé l'arrivée sur les rails de ses tout nouveaux trains à grande vitesse Frecciarossa 1000. 36 unités ont été commandées pour un montant de 1,3 milliard d'euros au japonais Hitachi et le premier exemplaire est prêt à circuler commercialement.
"Présenté aujourd'hui (le 26 septembre, NDLR) en avant-première entre Rome Termini et Naples, le nouvel ETR 1000 est prêt à prendre la route à partir du dimanche 28 septembre", se félicite le groupe qui doit recevoir 10 trains par an d'ici 2029.

Alors que SNCF Voyageurs attend toujours ses nouveaux TGV M commandés en 2018 (ils arriveront "début" 2026), Trenitalia n'aura pas patienté aussi longtemps, la commande date de 2023. Mais les deux trains ne sont pas comparables: le TGV M est 100% nouveau alors que le Frecciarossa 1000 est une évolution de ses Flèches rouges actuelles. D'ailleurs, il reprend son design et sa livrée.
Une évolution plus qu'un nouveau train
"Avec le Frecciarossa 1000 de nouvelle génération, nous franchissons une nouvelle étape dans la mise en œuvre du plan stratégique 2025-2029, qui vise à augmenter le nombre de passagers à bord de nos trains et à améliorer leur confort. Aujourd'hui, nous le renouvelons pour répondre aux besoins d'un pays exigeant des liaisons toujours plus rapides, efficaces et respectueuses de l'environnement. Il s'agit d'une étape décisive vers un système de mobilité de plus en plus intégré et international, au service des personnes, des parties prenantes, des collectivités et des entreprises", commente Stefano Antonio Donnarumma, PDG et directeur général du groupe FS.
Si ce train qui va circuler à 300 km/h et embarquer 461 voyageurs apporte des améliorations notables comme un nouveau système de traction, "des intérieurs plus accueillants avec un relooking des espaces, plus d'espace pour les bagages et des services technologiques à bord avancés" ou encore une consommation électrique moindre, un meilleur Wifi, un meilleur impact écologique..., sa vraie valeur ajoutée est l'interopérabilité.

"L'objectif est de répondre aux besoins d'une mobilité en constante évolution, en Italie et bientôt en Europe", souligne Stefano Antonio Donnarumma. Le Frecciarossa 1000 est en effet conçu pour circuler non seulement en Italie, mais aussi sur sept réseaux ferroviaires européens: la France, l'Espagne, l'Allemagne, l'Autriche, la Suisse, les Pays-Bas et la Belgique.
"Construire un métro européen à grande vitesse"
Ils doivent ainsi constituer la colonne vertébrale d'une offre pan-européenne portée par l'opérateur historique italien, une sorte de "métro" à l'échelle européenne et à grande vitesse.
"Notre objectif va plus loin. Construire un métro européen à grande vitesse, connecté, accessible et durable (à travers) une concurrence coopérative entre opérateurs: un modèle qui, dans le respect des règles, place les citoyens au centre et contribue à moderniser le système ferroviaire européen. Nous avons été le premier opérateur étranger à entrer sur le marché français, avec les liaisons Paris-Lyon et Paris-Marseille. L’Europe a besoin de réseaux. Nous sommes prêts à les construire", explique Stefano Antonio Donnarumma.
Trenitalia n'entend donc pas créer cette offre seul d'ici 2030 mais en coopération avec ses concurrents comme SNCF Voyageurs. Mais avec ses rames capables de passer les frontières, l'opérateur a un bel atout en main. En France, 15 des TGV M commandés à Alstom pourront rouler à l'international, mais seulement en Italie.