Alors que la SNCF cherche désespérément 1 milliard d'euros pour le rail français, l'Italie augmente son enveloppe à 100 milliards sur 5 ans

Deux pays voisins et deux situations diamétralement opposées. Alors que la SNCF a toute les peines du monde à trouver un milliard d'euros par an supplémentaires pour éviter à son réseau de tomber en lambeaux, l'Italie elle dépense sans compter.
Le gouvernement transalpin et le gestionnaire du réseau viennent d'annoncer une dépense supplémentaire de 2,1 milliards d'euros pour la maintenance et la modernisation du réseau ferré en 2025 et 2026.
Cette somme vient s'ajouter à un très ambitieux plan sur cinq ans (2025-2029), qui prévoit pas moins de 100 milliards d'euros d'investissements pour le réseau et des extensions de lignes et ainsi accompagner un trafic en hausse, dopé par une concurrence très active sur les lignes à grande vitesse. Un plan "sans précédent", selon Stefano Donnarumma, PDG de FS, la SNCF italienne.
De quoi rappeler le fameux plan d'Elisabeth Borne à 100 milliards pour le rail français qui n'a jamais passé le stade de l'annonce...
Cette nouvelle enveloppe sera dédiée à la maintenance dans les gares, aux recrutements chez RFI (le gestionnaire du réseau) et prend en compte, selon la FS, l’augmentation des coûts des matériaux et de la main-d’œuvre.
1.200 chantiers en cours
Rien qu'en 2024, 15,2 milliards d'euros d'appels d'offres ont été attribués. Plus de 1.200 chantiers sont en cours, assure la compagnie.
D'ici à 2029, FS veut également augmenter de 30% le nombre de personnes ayant accès aux trains à grande vitesse, de 40% le nombre de voyageurs à l'étranger. Rappelons que le groupe est présent dans une trentaine de pays dont la France, l'Espagne, l'Allemagne ou la Grèce.
46 nouveaux trains à grande vitesse Frecciarossa 1000 (ceux que l'on peut voir rouler en France, fabriqués par le japonais Hitachi Rail, NDLR), 145 trains régionaux et plus de 1.260 autobus à faible émission de CO2 seront ainsi mis en service au cours des dix prochaines années.
Comment l'Italie parvient-elle à dégager autant d'argent pour le rail? Sur ces 100 milliards, 14 proviennent du plan de relance européen, dont l'Italie est la principale bénéficiaire, tandis que 86 milliards seront financés en partie par FS (ce qui génère mécaniquement des pertes pour l'opérateur) mais essentiellement par l'Etat, unique actionnaire de la compagnie.
Rappelons qu'en France, le réseau a besoin de 4,5 milliards d'euros par an, le contrat de performance sur dix ans entre l'Etat et SNCF Réseau prévoit 3 milliards d'euros par an, tandis que le groupe promet 500 millions supplémentaires. Il manque donc un milliard par an.
Eviter "le cercle vicieux" en France
"Il faut prendre les décisions maintenant, on est à un moment critique. Si on ne le fait pas, c'est la spirale négative avec 4.000 kilomètres de lignes abimées dès 2028, 10.000 en 2032. Cela veut dire des pannes, des retards, des ralentissements, c'est un cercle vicieux", s'alarme Jean-Pierre Farandou, le PDG du Groupe SNCF.
Une conférence de financement planche actuellement sur les leviers à actionner en évitant de plomber un peu plus le budget de l'Etat. Le PDG propose depuis des années plusieurs pistes de financement, notamment capter une partie de la manne de dispositifs fiscaux européens de compensation carbone pour l'aérien et le transport routier (ETS) ou sur les Certificats d’économie d’énergie (CEE). Des pistes qui ne semblent pas avoir la faveur de Bercy.
Jean-Pierre Farandou souhaite également qu'une partie des revenus des concessions autoroutières soit fléchées vers le rail mais les concessions n'arrivent pas à échéance avant 2031.
Il met également en avant la taxation des camions en transit en France. "Les Allemands qui sont confrontés à un énorme besoin de financement (du réseau ferré, NDLR) ont décidé de mettre en place une taxe poids lourd qui leur rapporte 8 milliards d'euros par an". L'idée serait donc de réssusciter la fameuse écotaxe, dont la mise en place avait été vivement contestée en France, faisant plier le gouvernement.