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Avec le Ouigo "petite vitesse" vers Bruxelles, la SNCF veut séduire ceux qui ne prennent pas le train

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Le premier train de cette nouvelle liaison est parti ce jeudi de Paris. Avec ses prix cassés à partir de 10 euros, l'offre rencontre déjà un joli succès avec 50.000 billets vendus en 15 jours. De quoi inquiéter les opérateurs de cars?

Sans retard et plein comme un oeuf, le premier train Ouigo de la nouvelle liaison Paris-Bruxelles est parti ce jeudi de la Gare du Nord.

Cette offre vient rejoindre la famille Ouigo Train classique de la SNCF (plus de 3 millions de clients depuis son lancement), l'idée est de proposer des tarifs très bas en contrepartie d'un temps de trajet plus long par rapport au TGV, en l'occurrence l'Eurostar.

Concrètement, ces trains lents opérés en partenariat avec les chemins de fer belges (avec des rames de la SNCB aux couleurs Ouigo) circulent entre les gares de Paris Gare du Nord et Bruxelles-Midi, et desservent les villes de Creil, d’Aulnoye-Aymeries (France) et de Mons (Belgique).

Les deux capitales sont reliées en 3 heures (contre 1h20 en Eurostar), à raison de trois allers-retours quotidiens dans chaque direction: en début de matinée, à la mi-journée et en début de soirée. Pour la petite histoire, il faut rappeler que la ligne Paris-Bruxelles fut la première à relier deux capitales en 1846, elle a été désaffectée avec l'arrivée de la ligne à grande vitesse et du Thalys.

Des trains fournis par les chemins de fer belges

"C'est le premier Ouigo qui traverse une frontière, c'est un symbole fort dans la libre circulation et pour le slow-travel", se félicite Alain Krakovitch, directeur des TGV/Intercités chez SNCF Voyageurs.

Le projet a été monté en une petite année avec un apport stratégique de la SNCB: les trains. Car la SNCF ne possède pas de rames classiques capables de rouler dans les deux pays. Par contre, conducteurs et agents de bord sont issus des deux compagnies.

La force de cette offre est le prix. Ils s’échelonnent de 10 à 59 euros l’aller simple (5 euros pour les enfants de moins de 12 ans pour un voyage en France, 8 euros pour un voyage entre la France et la Belgique). Les enfants de moins de 4 ans voyagent gratuitement.

Attention, les billets ne peuvent pas être achetés aux guichets ou par téléphone en France. De plus, ils sont non remboursables et ne sont modifiables qu’avec avec une forte pénalité (19 euros).

Reste qu'elle a de quoi attirer une cible qui ne peut pas se permettre d'opter pour l'Eurostar (bien plus cher) et qui préfère les cars ou la voiture.

"C'est une alternative à ces modes de transport populaires mais avec beaucoup moins d'émissions de CO2 et un temps de parcours plus rapide. C'est une solution économe et écologique, complémentaire d'Eurostar", ajoute Alain Krakovitch.

"Faire basculer un maximum de clients de la route vers le train"

Les premiers résultats sont prometteurs. "Sur 350.000 places mises en vente jusqu'au 31 mars, 50.000 billets ont déjà été vendus", indique Jérôme Laffon, patron de la marque Ouigo. "Trois billets sur quatre ont été vendus à moins de 30 euros".

"On veut faire basculer un maximum de clients de la route vers le train", souligne le responsable.

Les jeunes sont évidemment au coeur de la cible. Pourtant, même si les trains de la SNCB aux couleurs rose et bleu de Ouigo (qu'il a fallu imposer aux Belges...) semblent confortables (type Corail), ils sont dénués de Wi-Fi ou de prises électriques, contrairement aux cars par exemple.

Le Ouigo Train classique Paris-Bruxelles
Le Ouigo Train classique Paris-Bruxelles © O.Chicheportiche
Le Ouigo Train classique Paris-Bruxelles
Le Ouigo Train classique Paris-Bruxelles © O.Chicheportiche

Reste que le train assure un trajet moins long (3 heures contre 4 environ) avec des départs et arrivée en plein centre-ville.

Les opérateurs de cars longues distances restent pour le moment serein, pariant notamment sur leurs prix bas et leurs fréquences très importantes.

"Effets limités" pour Flixbus

"Nous n’avons pas constaté d’effet très net pour le moment. Nous avons proposé plus de billets à 9,99 euros dès le lancement de l'offre Ouigo. Le train n’est que 1h-1h30 plus rapide et a beaucoup moins de fréquences que nous. On n’est pas loin du million de passagers par an sur cette ligne", nous explique un porte-parole de Flixbus.

L'offre Ouigo et surtout Ouigo Train classique (Paris-Nantes, Paris-Rennes) "sont sur des lignes stratégiques, évidemment. Mais les effets sont pour l’instant limités sur toutes ces lignes", insiste l'opérateur.

Pour la SNCF, cette nouvelle brique internationale s'inscrit dans une stratégie au long-cours de la compagnie: accroître sa part de marché en Europe. Rappelons que le groupe opère en Espagne (Ouigo), en Allemagne (TGV et train de nuit), en Grande-Bretagne/Belgique/Pays-Bas (Eurostar) et bientôt en Italie.

"Nous avons désormais une part de marché de 43% en Europe de l'Ouest et nous voulons la faire progresser", explique Alain Krakovitch.

Olivier Chicheportiche Journaliste BFM Business