Plus cher que l'avion mais plus vert, le tout premier train Paris-Berlin à grande vitesse est lancé

Il a quitté la Gare de l'Est comme prévu ce lundi matin à 9h55. Le premier train à grande vitesse de jour reliant directement Berlin a effectué son départ inaugural, avec pour ambition de répondre à la demande croissante de train des Européens, de plus en plus nombreux à y recourir pour leurs déplacements internationaux.
"À partir de ce lundi, les deux capitales Paris et Berlin seront directement reliées de centre-ville à centre-ville, à grande vitesse et ce pour la première fois de l’histoire ferroviaire entre les deux pays", s'enthousiasment la SNCF et son partenaire allemand, la DB (Deutsche Bahn).
Cette liaison "crée un nouveau pont entre les deux grands centres culturels et politiques de notre continent", a salué Anja Schöllmann, directrice de la production de la DB.
Cette ligne directe à grande vitesse est opérée en partenariat par les deux compagnies ferroviaires, et elle est proposée avec les TGV allemands, les ICE. Le train propose 444 places dont 111 en première classe et atteint la vitesse de 320km/h sur la ligne à grande vitesse française uniquement (250 km/h en territoire allemand).
La ligne dessert une fois par jour:
- Strasbourg,
- Karlsruhe,
- Francfort Sud,
- Berlin.
Le trajet est effectué en huit heures environ contre un peu plus de neuf actuellement avec correspondance.
A partir de 59 euros le billet
Le départ de Paris se fait à 9h55 et vous fera arriver à Francfort à 14h04 et à Berlin à 18h03. Le retour se fait à 11h54 pour une arrivée à Paris à 19h55.
Côté tarifs, les billets sont mis en vente à partir de 59 euros en seconde classe et 69 euros en première classe. Les prix évoluent à la hausse en fonction du remplissage des trains, comme tout TGV.
Promise en 2022, cette ligne illustre l'engouement pour le train même pour des voyages longs et souvent plus chers que l'avion. Pour un aller-retour sur une semaine en mars, le voyage en train coûte 198 euros, contre 92 euros en avion avec la compagnie Easyjet. Mais l'empreinte écologique pèse de plus en plus
Violoncelle sur le dos, Lea Bader n'a pas hésité au moment de choisir entre l'avion et le train. "Pour moi, c'est évident parce que j'ai un violoncelle et j'aurais eu besoin de deux billets en avion", explique-t-elle à l'AFP. Avec ses deux jeunes enfants, elle a opté pour un mode de voyage plus lent, mais plus confortable à ses yeux.
"Et maintenant, c'est direct. Avant il fallait changer et c'était horrible parce qu'à chaque fois il y avait un problème, un retard", se remémore-t-elle.
Par ailleurs, un voyage en train entre les deux capitales émet 100 fois moins de CO2 qu'un voyage en avion, selon la SNCF. "Pour l'environnement, c'est mieux de prendre le train", se réjouit Kevin Kern, Berlinois de 33 ans.
Les deux exploitants ferroviaires soulignent qu'un Paris-Berlin en train émet 2 kg de CO2 par passager, contre 200 kg pour un voyage en avion.
"On a un peu hésité"
Un constat qui a fait pencher la balance dans la décision de lancer cette ligne. "Huit heures de train, ça peut être long, on a un peu hésité" avant de se lancer, a confié le PDG de la SNCF Jean-Pierre Farandou, finalement convaincu que "les gens peuvent rester (assis) huit heures, dès lors que c'est confortable et qu'on a un bon équipage".
"Le trafic international européen représente presque un tiers du trafic TGV", de la SNCF, insiste Jean-Pierre Farandou.
Le voyage entre Paris et Berlin, long de 1.100 km, est probablement le maximum que peut offrir le train à grande vitesse tout en restant attractif, concède le patron de la SNCF. Au-delà, il faut donner la priorité au train de nuit, affirme-t-il.
On rappellera que le train de nuit entre Paris et Berlin (13 heures de périple), relancé il y a tout juste un an après près de dix ans d'interruption, a justement connu de nombreux ratés depuis. Le service a même été interrompu entre août et octobre en raison de travaux sur le réseau allemand.
Mais au-delà du choix politique, la SNCF s'est aussi heurtée à des contraintes techniques.
80% de taux d'occupation pour les premières réservations
Trouver des sillons pour circuler sur le réseau allemand, extrêmement dense, n'a pas été chose facile, selon Alain Krakovitch, directeur de TGV-Intercités. Il espère pouvoir revoir les horaires pour un départ plus tôt de Berlin l'an prochain, et gagner ainsi quelques minutes sur le temps de voyage.
Il a également fallu régler le problème l'hétérogénéité des systèmes de signalisation entre les deux pays.
Les résultats sont en tout cas prometteurs. "Les réservations marchent très bien. (...). On a déjà des taux d'occupation supérieurs à 80%", soutient, confiant, Jean-Pierre Farandou. "Je suis convaincu que ce train aura beaucoup de succès et que des gens préfèrent s'installer confortablement plutôt que d'avoir parfois des acheminements un peu plus compliqués" vers des aéroports souvent loin des centres-villes, a-t-il poursuivi.
Pour autant, la qualité de service devra être au rendez-vous. En Allemagne, plus d'un tiers des trains à grande vitesse sont arrivés en retard en 2023 à cause d'une infrastructure à bout de souffle. Mais pour ce TGV, Jean-Pierre Farandou se dit "parfaitement confiant" quant à la régularité du service.