Alstom: une feuille de route à 5 ans résolument tournée vers "la mobilité durable"

"Alstom ouvre un nouveau chapitre de son histoire". C'est par ces mots que l'industriel français a présenté sa feuille de route stratégique "Alstom in Motion 2025" qui s'appuie sur deux axes: le renforcement de son offre à travers l'intégration de Bombardier et la mobilité durable avec d'importants investissements dédiés.
"Notre plan stratégique Alstom In Motion 2025 est notre réponse à l’accélération historique des besoins de mobilité durable et verte à travers le monde", explique ainsi Henri Poupart-Lafarge, PDG d’Alstom.
Il faut dire que ce plan s'inscrit dans un marché en croissance, porté par les plans de relance des Etats et la volonté de développer les infrastructures ferroviaires plus écologiquement responsables.
Frénésie de contrats
Le groupe profite déjà d'une frénésie de contrats dans les zones (Europe, Amérique du Nord) où il est historiquement présent avec près de 6 milliards d'euros de commandes.
L'intégration du canadien Bombardier (créant un géant de 71.500 salariés dans plus de 70 pays) doit évidemment renforcer ses positions géographiques et son offre de produits et mieux résister à la concurrence forte des acteurs chinois.
"Avec l’acquisition de Bombardier Transport, Alstom consolide ses atouts industriels et commerciaux en Allemagne, en Amérique du Nord, au Royaume-Uni ainsi que dans les pays Nordiques, et entend se développer davantage dans ces régions", explique le groupe.
Objectif, dépasser la croissance du marché avec un taux de croissance annuelle moyen de son chiffre d’affaires supérieur à 5% et l’extension de sa part de marché globale de 5 points de pourcentage.
Dans le domaine très porteur du "rail vert", Alstom possède déjà une expertise dans le train à hydrogène qui fait ses premiers pas en Europe, notamment en Allemagne. Le groupe veut aujourd'hui accélérer en s'inscrivant là encore dans les plans de relances des Etats ou de l'UE (55 milliards d’euros seront consacrés au ferroviaire).
Doublement des investissements dans la R&D
"Les investissements en R&D seront considérablement renforcés – attendus entre 550-600 millions d'euros en 2024/25 (contre 281 millions aujourd'hui, NDLR), à environ 3% du chiffre d’affaires – pour faire progresser l’innovation dans les domaines clés de la mobilité intelligente, durable, inclusive et plus saine", avance le géant.
Concernant la mobilité intelligente, Alstom ambitionne d’avoir des prototypes de train entièrement autonomes pour le fret et les passagers d’ici 2023.
Ces objectifs dépendent néanmoins de l'intégration efficace de Bombardier qui est "en bonne voie", assure le groupe. "Cinq mois après la clôture de l’acquisition, l’organisation est déployée conformément aux objectifs ; les feuilles de route de convergence des produits et des processus sont sécurisées et l'entreprise fonctionne désormais avec un système informatique commun", poursuit-il.
Mais il reste encore du travail pour digérer cette acquisition de manière efficiente. Alstom vise donc "un modèle opérationnel avec une convergence des processus et un portefeuille de produits de premier plan d’ici 3 ans générant une proposition de valeur et une croissance plus forte à partir de 4-5 ans".
Résoudre les difficultés d'exécution de Bombardier
"Nous sommes désormais dans un deuxième temps, il faut stabiliser les activités, surmonter des difficultés qui existaient avant l'acquisition et repartir en avant. Dans les deux à trois années qui viennent, nous devons aller plus loin (...) et aussi bâtir une culture d'entreprise commune avec la rigueur et la discipline nécessaire", indique aux Echos, Henri Poupart-Lafarge.
Cela aura un coût. Alstom va investit entre 1,6 et 1,9 milliard dans l’outil industriel du groupe, mais "majoritairement" dans les sites de l’ex-Bombardier Transport "afin de relancer la machine", poursuit-il.
Traduction, Bombardier a eu des difficultés d'exécution dans ses contrats et il faut résoudre ce problème. "Ce n'est pas une surprise car nous savions que Bombardier était dans une situation difficile. C'est un investissement qui va nous permettre de stabiliser nos relations avec nos clients", explique le PDG.