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Le train autonome de la SNCF toujours sur les rails

La rame test de TER autonome

La rame test de TER autonome - SNCF

Après deux ans et demi de développement, la SNCF associée à divers partenaires dont Alstom et Bosh a fait circuler une rame d'essai TER autonome. Une première.

Vous connaissez les métros sans automatiques sans conducteur mais seriez-vous prêt à embarquer dans un train autonome? Si cette perspective n'est pas pour tout de suite, la SNCF planche en tout cas sur la question et les choses avancent.

Après deux et demi de développement, la SNCF associée avec Alstom, Bosch, Spirops, Thales et l’Institut de Recherche Technologique Railenium a fait circuler une rame TER prototype d'essai autonome.

"En début d’année, une rame TER Regio 2N a été spécialement modifiée et équipée par l’usine Alstom de Crespin (anciennement Bombardier) afin de réaliser des essais. Différents capteurs, caméras, radars, lidars (détection laser) ont été installés afin de récolter des données indispensables au projet", expliquent les partenaires.

Objectif: une autonomie complète en 2023

Puis "des premiers essais ont eu lieu pendant une semaine, début mars, entre Aulnoye et Busigny et entre Busigny et Calais. La rame prototype TER Regio 2N circulait sur une voie commerciale avec, à bord, les ingénieurs et techniciens du projet". Lors de ces tests, ce TER était conduit par un conducteur SNCF spécialisé dans la conduite en situation d’essai.

La rame test de TER autonome
La rame test de TER autonome © SNCF

Désormais, du 17 au 21 mai prochain, à la suite des tests effectués au sein du CEF (Centre d’Essai Ferroviaire), une seconde série d’essais est organisée pour mettre au point le système de conduite, sur cette même rame prototype. Ils doivent d’aboutir, dans les prochains mois, à la circulation en semi-autonomie en phase d’essai.

"La conduite semi-autonome permet l’automatisation de l’accélération et du freinage du train, supervisée par un conducteur. Ces essais constituent une étape clé vers l’objectif final fixé par le consortium: maîtriser l’autonomie complète en 2023", explique-t-on.

"C’est une belle étape que vient de franchir, avec succès, notre projet. Un pas de plus est fait vers la maitrise de l’autonomie ferroviaire. La mobilisation des équipes SNCF et de nos partenaires nous permet d’explorer l’ensemble des enjeux humains et technologiques. Avec nos travaux de recherche et nos essais, nous faisons progresser le ferroviaire et préparons son développement futur", commente Pierre Izard, Directeur Technologies, Innovation, Projets Groupes du groupe SNCF.

Accent sur la sécurité informatique

Dans ce projet, la question centrale est évidemment la sécurité. Ces essais doivent donc étayer " la démonstration de sécurité nécessaire à la future autorisation de circulation du matériel roulant". Outre la sécurité ferroviaire, le point sensible est la sécurité informatique, le train autonome étant ultra-connecté afin de fonctionner. Ce qui implique des risques de piratage.

Là encore, le consortium se veut rassurant. "Les enjeux de cybersécurité ont été pris en compte dès le début du projet. Les partenaires du projet travaillent étroitement avec l’Agence nationale de la sécurité des systèmes d'information (ANSSI), l’autorité nationale en matière de cybersécurité".

Désormais, la SNCF va poursuivre les tests avec cette rame au cours des deux prochaines années sur la voie située entre Aulnoye et Busigny, pendant les vacances scolaires.

Cadence et fluidité

"En dehors des périodes de recherche et de tests, la rame sera en circulation commerciale classique et transportera des voyageurs. Lors de ces trajets commerciaux, en conduite classique, elle enregistrera des données qui permettront d’améliorer la performance des algorithmes de reconnaissance des signaux en détectant, par exemple, la couleur des feux de signalisation et l’environnement du train", peut-on lire dans un communiqué de presse commun.

Pour la SNCF, le dévelopement du train autonome offre des avantages non négligeables comme la possibilité de faire circuler plus de trains et d'adapter leur nombre aux besoins, et de gagner en fluidité et en régularité "grâce à une circulation harmonisée et à une vitesse optimisée, permettant de mieux faire face aux imprévus".

Des bénéfices d'ailleurs observés par la RATP à Paris avec ses deux lignes 100% autonomes (la 1 et la 14 et bientôt la 4).

Olivier Chicheportiche Journaliste BFM Business