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Actes de sabotage: surveiller 28.000 km de voies ferrées, un défi impossible pour la SNCF?

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Le groupe SNCF a été victime d'actes de malveillance coordonnés pour paralyser le réseau TGV. Face à l'impossibilité de surveiller en permanence 28.000 km de voies, la SNCF met en œuvre une sécurisation ciblée et des actions de mitigation des risques.

Les actes de malveillance, incendies de passage de câbles en fibre optique commis dans la nuit du 25 juillet pouvaient-ils être évités? Le réseau SNCF compte 28.000 km de voies, traversant près de 8.000 communes... Il est matériellement impossible de surveiller en permanence chaque kilomètre de voie ferrée.

"La surveillance du réseau en temps réel 24 heures sur 24 est impossible, confirme à BFM Business Arnaud Aymé, spécialiste du transport et CEO France-Luxembourg-Maroc chez Sia Partners. C'est assumé, que ce soit en France ou dans les autres pays".

"Certains sites sont très protégés, il y a des caméras, une surveillance. Mais sur des lignes à grande vitesse ou des lignes classiques, il y a tellement d'installations qu'il est impossible de mettre des caméras ou des gardes à tous les coins, à tous les aiguillages et dans toutes les gares", abonde au micro de France Info, Bernard Aubin, secrétaire général de la Fédération indépendante du Rail et des Syndicats des Transports.

Des efforts de surveillance proportionnés

Comme pour la plupart des entreprises, la SNCF proportionne ses efforts et ses investissements de surveillance en fonction de la probabilité de survenance du risque et la nature de ceux-ci.

"Le réseau ferré n'est pas surveillé comme une installation nucléaire, les dispositifs de surveillance sont proportionnés au risque de survenance et au niveau de gravité des risques", détaille Arnaud Aymé.

En clair, il n'y a pas de risque zéro, mais la survenue d'un risque doit être la moins grave possible. Devant l'impossibilité physique de tout surveiller, la SNCF intensifie sa surveillance pour les sites les plus sensibles: "Les installations qui écoulent le plus de voyageurs sont les plus surveillées. Donc les lignes à grande vitesse qui ont le plus de trafic et le plus d'emports, mais aussi les voies franciliennes comme le Transilien ou une partie du réseau RER", indique Arnaud Aymé.

Certains éléments critiques comme les alimentations électriques, les équipements de signalisation, les postes d'aiguillage sont particulièrement surveillés: dispositifs d'alarme, caméras de surveillance, contrôle d'accès...

Par ailleurs, des opérations de maintenance ont lieu la nuit et "on a appelé les cheminots à être très vigilants sur tout ce qui pouvait leur paraître suspect pendant la période", explique Jean-Pierre Farandou interrogé depuis la gare Montparnasse. Ces efforts de vigilance ont permis d'éviter une attaque supplémentaire qui visait la ligne grande vitesse du sud-est. Les agents SNCF ont fait fuir les saboteurs qui sont partis en camionnette a appris BFMTV de source proche de l'enquête.

Ne pas mettre en danger les voyageurs

Dans la politique de sûreté mise en œuvre par la SNCF, le principal est de ne pas mettre en danger les voyageurs, c'est la politique de mitigation des risques.

"En cas de problème, la technique veut que les trains roulent en toute sécurité ou ne roulent pas du tout", explique Bernard Aubin. En cas de panne de signalisation, plusieurs possibilités sont étudiées, nuance Arnaud Aymé: "arrêter la circulation, dérouter les trains sur d'autres lignes ou encore faire circuler le TGV au ralenti. Dans ce cas, le conducteur circule à vue".

Dans le cas précis, il s'agit visiblement d'une action concertée encore plus difficile à anticiper. "L'attaque a été préméditée, calculée, coordonnée. L'endroit où ces incendies a été provoqué correspond à des bifurcations, pour un seul incendie, on touche deux itinéraires", a indiqué Jean-Pierre Farandou, président du groupe SNCF. Les auteurs des faits ne sont pas encore connus.

Marine Landau