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Remous chez Atos: le président du conseil d'administration sauve sa tête lors de l'AG

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La résolution soumise par le gestionnaire d’actifs et actionnaire minoritaire Sycomore demandant la révocation du président du conseil d'administration Bertrand Meunier a été rejetée à 67% par les actionnaires d'Atos.

Atos va pouvoir se concentrer sur son avenir. Mercredi, lors de l'Assemblée générale du groupe technologique français, les actionnaires ont rejeté la révocation du président du conseil d'administration Bertrand Meunier, à 67%,38. Cette résolution, qui n'avait pas obtenu le soutien du CA ni des sociétés de conseil de vote, avait été soumise par le gestionnaire d’actifs et actionnaire minoritaire Sycomore, qui dénonce depuis des mois la mauvaise gestion du groupe d'informatique.

Le candidat de Sycomore débouté

Sycomore avait présenté un candidat pour la présidence en la personne de l'ancien patron de SAP et HP, Léo Apotheker. Des motions de Sycomore réclamant le départ de deux autres administrateurs ont également été rejetées.

L'activiste pointe notamment le bilan "largement dégradé" d'Atos depuis le départ de son dirigeant Thierry Breton en 2019, avec 4 milliards d'euros de pertes en deux ans et l'effondrement du titre à la Bourse de Paris, de plus de 80%.

Dans un communiqué diffusé après le vote, Sycomore a estimé que même défaites, ses résolutions avaient été approuvées par 32 à 35% des suffrages exprimés, soit un "signal fort envoyé par les actionnaires de long terme d’Atos à son conseil d’administration".

"Ce dernier ne peut rester sur ses positions, il est de son devoir d’écouter la défiance des actionnaires en nommant des administrateurs qui connaissent parfaitement le secteur et qui pourront évaluer sereinement les futures décisions stratégiques pour la société", a-t-il ajouté.

De fait, la direction a tout de même dû faire face, lors de l'AG, au mécontentement de plusieurs actionnaires individuels inquiets des projets du groupe, qui entend se scinder avant la fin de l'année en deux entités distinctes. "Le cours de l'action Atos est plus bas que tout", a convenu Bertrand Meunier.

Mais, "contrairement aux allégations des actionnaires requérants, le conseil d'administration considère que la société ne fait pas face à une crise de gouvernance majeure", a-t-il ajouté, jugeant que Sycomore fondait ses reproches sur des "épisodes du passé".

"Le groupe a renoué avec la croissance, avec une performance opérationnelle et financière depuis le troisième trimestre 2022", a appuyé Nourdine Bihman, directeur général d'Atos.

Une scission douloureuse

Après une période difficile marquée par une crise de gouvernance et de lourdes pertes, Atos a dévoilé l'an dernier un projet de scission de ses activités numériques et de cybersécurité dans une nouvelle entité rebaptisée Eviden et le regroupement de ses activités historiques au sein de Tech Foundations.

Mercredi lors de l'assemblée générale, Bertrand Meunier a fait savoir que le conseil d'administration avait rejeté plusieurs offres indicatives pour Tech Foundations. La division a notamment suscité l'intérêt de l'homme d'affaires tchèque Daniel Kretinsky, selon des informations du Monde confirmées par le directeur général délégué d'Atos Nourdine Bihmane à BFM Business en mars dernier.

Bertrand Meunier, qui n'a pas fait de commentaire sur Daniel Kretinsky devant l'assemblée générale, a déclaré que l'abandon au printemps par Airbus de son projet de rachat d'une participation de 29,9% dans Eviden (ex-Evidian) n'aurait pas d'impact sur le projet de scission, qui devrait être mis en oeuvre selon lui au second semestre 2023. Des discussions avec Airbus se poursuivent à propos d'un "partenariat technologique de long terme", a-t-il ajouté.

Par Clément Lesaffre, avec Reuters et AFP