Suez: l'appel à un débrayage contre l'OPA de Veolia très suivi en France

"La peur de la casse sociale est extrêmement présente parmi les salariés", résumait ce matin dans Good Morning Business Mikael Henneton, membre de la coordination CFDT du groupe Suez.
Cette peur, les salariés du groupe, dont Veolia souhaite acquérir 30%, l’ont exprimée en débrayant deux heures ce mardi, à l’appel de tous les syndicats. Un mouvement suivi "en moyenne par 60 à 70% des salariés", avec des pointes à 90% dans les incinérateurs et 100% dans certains sites en province, selon des informations de la direction et les syndicats.
Une manifestation devant le siège de Suez
Devant le siège social à La Défense, 200 salariés selon la CGT ont également manifesté, soit la moitié des salariés présents sur place selon Franck Reinhold von Essen, secrétaire (CGT) du comité de groupe européen de Suez (beaucoup sont encore en télétravail). "Ca nous conforte dans l'idée que le personnel est opposé à cette OPA, qui marquerait un démantèlement du groupe", a-t-il indiqué à l'AFP.
Le projet prévoit que Veolia revende, à l'issue de son OPA, la branche eau de Suez au fonds d'investissement Meridiam, pour éviter de se retrouver en situation de monopole dans ce domaine. Le groupe compte 90.000 salariés dans le monde, dont 30.000 en France, et 11.000 dans le domaine de l'eau. La mobilisation dans les sites européens du groupe n'était pas encore connue à la mi-journée.
"On est en résistance mais on ne tire pas les ficelles, ça se passe au niveau du Conseil d'administration d'Engie (qui a reçu une offre d'achat de Veolia sur 29,9% de sa participation), on va être les dindons de la farce", dit le délégué CGT.
"On ne peut qu'alerter l'opinion publique, les décideurs et les collectivités locales qui sont concernés parce que c'est l'eau, le déchet. Le fait d'avoir deux groupes leaders permet aux collectivités locales d'avoir le choix et instaure une émulation saine en termes d'innovation et de concurrence", a-t-il ajouté.
Une lettre adressée au Premier ministre
Dalenda Drissi, une salariée de Suez adhérente à FO à La Défense se dit clairement inquiète pour l'emploi des salaris du groupe. "Qui dit OPA, dit licenciement, doublon. Donc nous, nous souhaitons garder nos emplois, nous souhaitons rester Suez", a-t-elle expliqué à l’AFP.
"Cette opération ne peut que se traduire par une casse sociale importante, qu'on chiffre à plusieurs milliers d'emplois sur le territoire, dans les grandes métropoles où les deux groupes sont présents", estime Franck Reinhold von Essen. L'intersyndicale va écrire au Premier ministre pour être reçue, précise le représentant syndical.
Le président d'Engie a annoncé lundi qu'il étudierait attentivement un "nouveau projet" de Suez si le spécialiste de la gestion de l'eau et des déchets, dont Veolia veut acheter à Engie les 29,9% qu'il possède, parvenait à lui présenter rapidement "une offre alternative".