BFM Business
Industries

Philippe Baptiste, PDG du CNES: "SpaceX nous challenge avec des coûts très bas"

placeholder video
Dans la course spatiale qui oppose l'Europe aux Etats-Unis, Philippe Baptiste, PDG du CNES (Centre National d’Etudes Spatiales), rappelle le soutien de l'Etat dont bénéficie SpaceX. Il appelle l'Europe à mieux soutenir ses champions.

L'Europe peut-elle rattraper le retard dans la conquête spatiale face aux Américains qui, avec SpaceX, ont réalisé des bonds importants en très peu de temps? Pour Philippe Baptiste, PDG du CNES (Centre National d’Etudes Spatiales), le problème n'est pas technologique, mais bien financier.

"SpaceX est un succès technologique auquel personne ne croyait dans le monde, reconnaît sur BFM Business Philippe Baptiste, PDG du CNES. "Mais elle a eu un soutien massif de la NASA et du département de la Défense qui finance les vols du Falcon à des tarifs très élevés. Ça leur permet d'être très agressif en terme de prix. On est challengé par des coûts très bas".

Philippe Baptiste ne veut pas accuser le concurrent d'Arianespace de dumping, mais réclame un soutien plus intensif des Etats "pour faire baisser les prix". Ariane 6 doit être lancée en 2022 depuis Kourou.

Les startups de la SpaceTech ont besoin de contrat

Philippe Baptiste note aussi que les coûts d'accès à l'espace baissent avec l'évolution technologique développée par les grands industriels du secteur ainsi que par les 35 startups de la SpaceTech. Ces pépites françaises ont levé cette année 260 millions d'euros.

"Ces petites entreprises sont aujourd'hui capables d'attaquer des marchés du spatial, chose impossible il y a 15 ans. Elles ont des capacités à prendre des risques, c'est grâce à ça que le spatial de demain se réinvente. On aura toujours besoin des industriels, mais les startups ont un esprit de renouveau incroyable", explique Philippe Baptiste.

Le patron du Cnes estime surtout que ces startups ont besoin de contrat pour évoluer. Ce modèle impose au Cnes d'être "plus agile" et s'adapter aux contraintes de petites structures.

"Il faut qu'on soit capable de contracter rapidement en sachant qu'en face, on n'a pas forcément un service juridique de 90 personnes qui ne va pas forcément être capable de répondre à toutes les questions qu'on pourrait leur poser", a-t-il résumé.

Il ajoute que cela suppose de la part de l'industrie une acceptation du risque.

"Si vous faites participer une start-up sur telle ou telle brique d'un programme, vous acceptez derrière de prendre un risque un peu plus élevé qu'avec un grand groupe" dont la pérennité est assurée alors qu'une jeune entreprise demeure fragile, rappelle Philippe Baptiste.

Mais en contrepartie, le gain peut être plus élevé, l'agilité des petites structures pouvant aboutir à des "produits plus disruptifs" selon lui.

Pascal Samama
https://twitter.com/PascalSamama Pascal Samama Journaliste BFM Éco