Madrid dément vouloir acheter des F-35, les Américains confirment des "discussions"

Malgré le démenti du ministère espagnol de la Défense, Lockheed Martin affirme être en pourparlers avec Madrid sur un contrat de F-35 - WILLIAM WEST
Partenaire du programme d'avion du futur européen (Scaf, pour système de combat aérien du futur), l'Espagne a-t-elle réellement l'intention de s'équiper du F-35 américain? Madrid a formellement démenti les récentes confidences d'un cadre de Lockheed Martin qui révélait des discussions portant sur 50 appareils, 25 pour la Marine et 25 pour l'armée de l'Air.
"Nous excluons d’entrer dans le projet F-35. Notre engagement d’investissement est dans le SCAF", a déclaré il y a quelques jours la porte-parole du ministère espagnol de la Défense.
Le gouvernement espagnol affirme même ne pas avoir le budget "pour s’engager dans un autre projet d’avion en plus de celui qui est déjà en cours".
Mais, à l'occasion du salon aéronautique de Dubaï, qui se tient jusque ce jeudi, Greg Ulmer, vice-président exécutif de Lockheed-Martin, constructeur de l'avion de combat américain, maintient que des discussions sont en cours, dévoile le site Aviation Week dans un article repéré par Opex360.
"Malgré le démenti du ministère, Lockheed Martin est toujours en pourparlers avec des responsables du gouvernement espagnol, assure Greg Ulmer. Je comprends qu’ils ont publié une [déclaration] différente, mais nous continuons d’entendre de leur part qu’ils s’intéressent au F-35".
Le Scaf inadapté aux porte-aéronefs espagnols
Lla situation de l'Espagne est compliquée en matière de défense. Elle doit renouveler en 2030 ses avions de combat et le programme Scaf ne sera pas opérationnel avant 2040. Son budget ne lui permet pas de financer à la fois le programme Scaf, dont elle est partenaire avec la France et l'Allemagne, et d'acheter aussi des appareils américains.
D'autre part, le NGF (New generation fighter), l'avion de 6e génération de Dassault au cœur du Scaf, ne sera pas décliné en version décollage court et atterrissage vertical nécessaires pour ses porte-aéronefs. L'Espagne doit remplacer une partie des AV-8 Harrier II de l’Armada Española au risque de devoir restreindre sa défense aéronavale. Et, hormis le Harrier, seul le F-35B est un modèle VTOL.
Pour Greg Ulmer, c'est précisemment sur ces appareils que portent les discussions.
Les Espagnols "vont devoir remplacer leur Harrier. C'est sur cela que se déroule notre approche en Espagne", explique Greg Ulmer en ajoutant qu'en bon commercial il en profite pour leur "parler" également du F-35A.
L'Espagne ne serait pas le premier pays d'Europe à opter pour des chasseurs américains au détriment d'appareils européens. La Grèce et la République tchèque sont aussi en discussion avec Lockheed Martin. 10 pays européens comptent s'équiper de F-35.
En Suisse, le choix de l'avion de combat américain par le Conseil fédéral va faire l'objet d'une enquête d'une commission parlementaire. Par ailleurs, une coalition de gauche et d'un groupe antimilitariste ont lancé une pétition pour exiger un référendum sur ce choix
