Partenaire du programme Scaf, l'Espagne pourrait pourtant acheter des F-35

Le F-35 de Lockheed Martin - Lockheed Martin
L'Espagne sera-t-elle le 8e pays européen à acheter des F-35? Une source a affirmé au site Jane's que Madrid aurait "manifesté officiellement de l'intérêt" pour l'avion de combat de l'américain Lockheed Martin. Elle serait même en "campagne active" pour la signature d'un contrat ce qui laisse supposer que les discussions ont démarré. Selon le site spécialisé, le contrat pourrait être signé dès 2025 pour obtenir les premières livraisons en 2027.
Le contrat porterait sur 50 appareils, 25 pour la Marine et 25 pour l'armée de l'Air. La moitié serait des F-35B, des appareils à décollage vertical adapté à son porte-avion et aucun constructeur européen ne propose ce type d'appareils. Mais l'autre partie -destinée à remplacer les F/A 18 Hornet- serait des F-35A, le principal concurrent du NGF, l'avion au cœur du programme Scaf (Système de combat aérien du futur) dont l'Espagne est, depuis 2019, partenaire avec la France et l'Allemagne.
Le programme Scaf est-il menacé?
La raison de ce choix repose sur des arguments rationnels. D'une part, l'armée espagnole compte rationaliser ses équipements en passant par un seul et même fournisseur. D'autre part, il s'agit de remplacer des aéronefs qui seront obsolètes bien avant l'arrivée du NGF (New génération fighter). Cet avion du futur doit remplacer les Rafale français, les Eurofighter Typhoon de l'Allemagne et les Typhoon et Hornet de l'Espagne dès 2040. Un démonstrateur, prototype volant, est programmé pour 2027.
Madrid doit remplacer 225 appareils des NGF. Elle pourrait au final se contenter que d'une "petite centaine" d'appareils européens, selon le site Meta Defense.
Mais au-delà de l'aspect commercial, ce coup de canif pose question la souveraineté de la défense européenne d'une part et d'autre part sur l'articulation du programme Scaf. En juin, la répartition des tâches a été validée par les trois pays partenaires qui partageront ainsi des données stratégiques.
L'Espagne va-t-elle aussi revoir sa participation financière pour ce programme évalué à plusieurs dizaines de milliards d'euros? En d'autres termes, le contrat espagnol de F-35 peut-il menacer le projet? Autant de questions qui seront soulevées lors des prochaines discussions entre les trois pays partenaires.
11 pays européens vont s'équiper de F-35
De toute évidence, les Américains tentent de convaincre les pays européens membres de l'Otan de s'équiper de F-35. A ce jour, sept pays ont signé avec un contrat avec Washington: la Belgique, le Danemark, l’Italie, la Norvège, les Pays-Bas, la Pologne et le Royaume-Uni.
L'Espagne ne serait pas seule à opter pour des chasseurs américains au détriment d'appareils européens. Selon Jane's, la Grèce et la République tchèque seraient aussi en discussion avec Lockheed Martin. Avec la Suisse, 11 pays européens vont s'équiper de F-35 dont 9 sont membres de l'Union européenne.
Sur son site, le constructeur détaille la liste de ses clients dans le monde en précisant que le F-35 "offre plus qu'une simple domination aérienne". En plus de cela, les contrats "offrent simultanément des dizaines de milliers d'emplois bien rémunérés et de haute qualité aux travailleurs américains". Le F-35 est un véritable levier pour l'économie américaine avec "plus de 254.000 emplois directs et indirects aux États-Unis".
