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Le planeur hypersonique militaire français fera son premier vol d'essai en fin d'année

Après la Russie, la Chine et les États-Unis, la France réalisera cette année des essais d'un aéronef hypersonique

Après la Russie, la Chine et les États-Unis, la France réalisera cette année des essais d'un aéronef hypersonique - USAF

Florence Parly, ministre des Armées, a confirmé que le planeur hypersonique français effectuera son premier vol d'essai avant la fin de l'année 2021.

Il y a deux ans, Florence Parly, ministre des Armées, annonçait que la France se comptait se doter d'un planeur hypersonique. Depuis plus rien sur le sujet, jusqu'au 10 mai dernier. Lors d'une visite sur la base aérienne de Creil, dans l'Oise, où il était question de la feuille de route en matière d'intelligence artificielle pour la défense, la ministre a confirmé que le projet V-Max (Véhicule Manoeuvrant eXpérimental) fera son premier vol fin 2021, comme le rapporte le site Opex360.

"La France, comme beaucoup d’autres grandes nations militaires, développe des planeurs hypersoniques. Notre démonstrateur V-MAX devrait accomplir prendre son premier vol dans les prochains mois", a révélé Florence Parly en précisant que "pour franchir les défenses aériennes les plus perfectionnées", ces "missiles pourront atteindre des vitesses inédites de 6000 à 7000km/h", soit "parcourir la distance entre Dunkerque et Nice en 12 minutes".

Ce planeur, dont ArianeGroup est maître d'œuvre, est un engin autonome qui sera propulsé par une fusée. Comme l'expliquait la DGA à BFM Business, il "sera manœuvré à distance et à haute vitesse, ce qui donne une trajectoire plus difficile à intercepter grâce à des manœuvres d'évitement".

Pour développer un matériau capable de résister aux hautes vitesses et créer un dispositif de manœuvres à distance, Arianegroup travaille avec l'Office national d’études et de recherches aérospatiales (Onera).

Etats-Unis, Russie et Chine

Dès l'annonce de ce projet, en 2019, Florence Parly indiquait que la France dispose déjà de "toutes les compétences pour le réaliser" en ajoutant que "nous ne pouvons plus attendre". Une allusion évidente aux projets d'armes hypersoniques développées par les Etats-Unis, la Russie ou la Chine.

En octobre dernier, la Russie a annoncé la réussite des tests du Zirkon, un missile de croisière hypersonique. Il a atteint la vitesse de Mach 8 pour frapper un objectif situé à 450 kilomètres de distance en moins de 5 minutes.

Quelques jours après cette annonce, la Chine a laissé fuiter une vidéo montrant l'atterrissage d'un bombardier armé du missile hypersonique Dongfeng 17. Capable d'atteindre une vitesse de 7000km/h, l'arsenal hypersonique de la Chine avait été dévoilé lors du défilé militaire organisé pour les 70 ans du régime communiste.

Dès 2018, l’US Air Force et la Darpa (Defense Advanced Research Projects Agency) ont lancé un programme d'un demi-milliard de dollars pour mettre au point avec Lockheed Martin et Raytheon un missile de type HCSW (Hypersonic Conventional Strike Weapon). Le 5 avril, le premier test de l'AGM-183A a échoué, selon le site spécialisé Defense News.

La puissance et la vélocité de ces nouvelles armes posent des inquiétudes. Dès 2017, le Think Tank Rand a publié un rapport sur les risques soulevés par les missiles hypersoniques.

"Un pays en état d'alerte pourrait confondre le lancement de l'un de ces engins avec le début d'une attaque nucléaire et riposter avec de vraies bombes atomiques", redoute Rand.

"Les États-Unis, la Russie et la Chine doivent s'accorder sur une politique de non-prolifération de ces armes", réclame l'organisation américaine et proposant même que la France ait "un rôle-clé en amenant les autres gouvernements à un accord sur une régulation globale" de ces armes.

Pascal Samama
https://twitter.com/PascalSamama Pascal Samama Journaliste BFM Éco