Guerre en Ukraine: le réarmement en Europe pourrait générer 60.000 emplois en France

Les exportations d'armes françaises pourraient être dopées par la volonté des états de l'Union européenne d'atteindre 2% de leurs PIB en dépenses militaires, selon une étude du cabinet Astarès.

L'Europe se réarme et cela profite mécaniquement au secteur du matériel militaire français. Cette tendance s'observait déjà depuis quelques années mais a été évidemment renforcée par la guerre en Ukraine. De nombreux pays de l'Union européenne ont décidé d'augmenter très sensiblement leurs dépenses militaires comme l'Allemagne.

La France qui est devenue le troisième exportateur mondial d'armes sur la planète devrait donc en toute logique profiter de ces efforts budgétaires.

Ainsi, selon une étude du cabinet Astarès, "si l’Union européenne (hors France) portait ses dépenses militaires à 2% du PIB (contre 1,5% actuellement, NDLR), il en résulterait pour l’économie française la création de 60.000 emplois, 5,2 milliards d’euros de valeur ajoutée et plus de 1,6 milliard d’euros de recettes sociales et fiscales (effet directs, indirects, induits et en chaine sur une durée de quatre ans)".

Effets en cascade

Plus globalement, cette hausse des dépenses des pays de l'Union génèrerait une progression des exportations françaises de 7,2 milliards d’euros.

Comme l'expliquent les auteurs de cette étude, "une hausse des exportations militaires vers l’Europe implique une haussse d’activité pour l’entreprise française exportatrice. Cela implique également une hausse de la consommation des salariés de cette entreprise et une augmentation de ses achats auprès de ses fournisseurs, deux effets qui se répercuteront ensuite sur d’autres entreprises, et ainsi de suite. L’ensemble de ces effets d’entraînement "en cascade" sur l’économie française (s'étalerait) sur une durée de 4 années (après quoi les effets du choc initial deviennent insignifiants)".

Pour parvenir à ce résultat, le cabinet s'est appuyé sur plusieurs hypothèses: que cette hausse des dépenses à 2% du PIB soit nette "c’està-dire qu’aucun autre poste de dépense ne serait réduit simultanément", et qu'elles se divisent pour moitié en salaire et pour moitié en achat de matériel.

La France a vu ses exportations d'armes bondir de 59% entre 2017 et 2021

Astarès précise également que "la spécificité des achats militaires, qui peut être guidée par des considérations plus géopolitiques qu’économiques (achats américains pour s’attirer la protection de Washington par exemple), n’a pas été analysée dans l’étude". On pense par exemple au choix de l'Allemagne d'acheter des F-35 américains...

Selon le rapport du Stockholm International Peace Research Institute (Sipri) qui mesure les évolutions sur le marché mondial de l'armement, l'Europe est la région du monde qui a le plus augmenté ses importations d'armes entre 2017 et 2021 (+19%).

"La grave détérioration des relations entre la plupart des États européens et la Russie a été un moteur important de la croissance des importations d'armes européennes, en particulier pour les États qui ne peuvent pas répondre à tous leurs besoins par le biais de leurs industries nationales d'armement", relève Pieter D. Wezeman, chercheur principal au Sipri.

Avec 11% des exportations mondiales sur la période 2017-2021, l'Hexagone est devenu le troisième exportateur mondial d'armement derrière les Etats-Unis (39%) et la Russie (19%) mais devant la Chine (4,6%). Le pays a augmenté ses exportations d'armes de 59% entre 2012-2016 et 2017-2021,

Olivier Chicheportiche Journaliste BFM Business