Près de 20% du gaz acheté par l'Europe est russe: les 27 États membres de l'UE approuvent l'interdiction de ces importations avant fin 2027

Le géant gazier russe Gazprom (photo d'illustration). - Yuri Kadobnov - AFP
Les ministres de l'Énergie de l'Union européenne ont approuvé, lundi 20 octobre, l'interdiction totale des importations de gaz russe d'ici fin 2027, proposée au printemps par la Commission. La mesure doit encore être négociée avec le Parlement européen. Le Danemark, qui exerce la présidence tournante de l'UE jusqu'à la fin de l'année, espère une adoption définitive avant le Nouvel An, a précisé Lars Aagaard. L'UE essaye de se sevrer des hydrocarbures russes depuis l'invasion de l'Ukraine par la Russie début 2022.
Mais si elle a cessé presque totalement ses importations de pétrole russe, elle conserve une forte dépendance envers Moscou pour son approvisionnement en gaz naturel: la Russie représentait encore 19% des importations totales de gaz de l'Union européenne en 2024, contre 45% en 2021. Elle en restait, en août, le quatrième acheteur (1,2 milliard d'euros) d'hydrocarbures russes, même si ses importations ne représentent que 8% des revenus énergétiques de la Russie, selon les données du Centre pour la recherche sur l'énergie et l'air pur (CREA).
Dans le détail, les pays de l'UE achètent essentiellement du gaz (61% des achats), qui sert de moyen de chauffage à près d'un tiers des citoyens européens. Deux pays de l'UE se singularisent: la Hongrie et la Slovaquie. Ces États enclavés d'Europe centrale, dont les gouvernements rechignent à tourner tourner le dos à la Russie, ont obtenu une dérogation pour continuer à recevoir du pétrole via un oléoduc.
Le Parlement européen veut aller plus loin
Afin d'accélérer le mouvement et d'assécher cette source de financement majeure de l'effort de guerre russe, la Commission européenne a proposé au printemps aux Etats membres un arrêt total des importations de gaz russe fin 2027. En septembre, elle a en outre proposé d'avancer cette date-butoir à fin 2026, c'est-à-dire dans un peu plus d'un an, en ce qui concerne les importations de gaz naturel liquéfié (GNL).
Cette mesure supplémentaire, proposée dans le cadre d'un 19e "paquet" de nouvelles sanctions contre la Russie, n'est cependant pas au menu de cette réunion ministérielle. De son côté, le Parlement européen voudrait aller encore plus loin: ses commissions de l'Industrie et du Commerce ont approuvé jeudi dernier un texte visant à interdire toutes les importations de gaz russe, par gazoduc ou sous forme de GNL, et ce dès le 1er janvier 2026, hormis quelques exceptions limitées.
En septembre, les recettes tirées par la Russie de ses exportations d'hydrocarbures ont baissé de 4%, représentant 546 millions d'euros par jour, soit le plus bas niveau depuis l'invasion de l'Ukraine en 2022, selon les données mensuelles du Centre pour la recherche sur l'énergie et l'air pur (CREA). Les frappes ukrainiennes contre des raffineries ont conduit à une diminution des exportations de pétrole de 13%. La Chine reste le premier client de Moscou, devant l'Inde et la Turquie.