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Et si demain, Porsche contrôlait Bentley, Bugatti et Lamborghini?

Porsche pourrait prendre le leadership d'une toute nouvelle division de Volkswagen, dédiée aux marques de luxe.

Porsche pourrait prendre le leadership d'une toute nouvelle division de Volkswagen, dédiée aux marques de luxe. - Porsche

Le constructeur de voitures de sport pourrait être aux commandes d’une super-entité regroupant les marques de super-luxe du groupe Volkswagen: Bentley, Bugatti et Lamborghini.

S’il se réalise, ce plan donnerait naissance à l’un des plus jolis portefeuilles automobiles au monde. Selon le magazine américain Automobile, le directoire du groupe Volkswagen pourrait réorganiser son portefeuille de marques de luxe autour de Porsche. Le constructeur de voitures de sport prendrait alors le contrôle de la stratégie de Bentley, Bugatti et Lamborghini, regroupant les quatre marques dans une super entité luxe et sport, et ce dès le 1er janvier 2019.

Capitaliser sur le stratégie à succès de Porsche

Au sein du groupe Volkswagen, Porsche fait figure de marque à part. Tout d’abord car le constructeur porte le nom d’une des deux familles propriétaires du groupe. Mais surtout car il a réussi à conserver son ADN de marque sportive et luxueuse, tout en générant d'importants profits, via sa gamme de SUV et berlines (Cayenne, Macan et Panamera). Cette aura donne une force particulière aux dirigeants de Zuffenhausen (Allemagne), associée à un leadership (partagé avec Audi) sur la mobilité électrique.

Autre source de profit pour le groupe, la marque Audi reste cependant empêtrée dans les conséquences du dieselgate, son directeur exécutif Rupert Stadler est incarcéré. Audi est surtout positionnée un cran en-dessous de Porsche ou Lamborghini, au sein du segment premium regroupant BMW et Mercedes. Avec cette super-division, Audi perdrait le contrôle de Lamborghini.

Bentley, la marque à redresser

Cet été, l’idée de faire passer Bentley dans le giron de Porsche avait déjà été évoquée dans la presse allemande. La marque anglaise était en effet dans le rouge au premier semestre, à la traîne par rapport à son grand rival de toujours, Rolls-Royce. Les différentes marques pourraient ainsi intensifier les partages de composants. Par exemple, la future architecture électrifiée développée par Porsche pourrait servir pour la remplaçante de la Lamborghini Huracan. Michael Dean, analyste chez Bloomberg Intelligence, estime que la valorisation boursière de cette division luxe atteindrait les 120 milliards d’euros, soit deux fois plus que celle de tout le groupe Volkswagen.

Vers une entrée en bourse?

Le but de cette évolution stratégique au sein du groupe Volkswagen vise aussi les marchés financiers. Volkswagen reprend ici à son compte une formule inaugurée par Fiat, avec Ferrari. Le 21 octobre 2015, le constructeur italien fit en effet entrer le constructeur de voitures rouges à Wall Street, à New-York (Etats-Unis). L’engouement suscité par cette introduction a depuis donné des idées à Aston Martin. Redevenue profitable, la marque britannique doit entrer en Bourse en octobre, afin de lever des fonds pour accélérer son développement dans le monde du luxe et de la personnalisation.

Devant l’appétit des investisseurs pour les marques de luxe, Volkswagen pourrait réaliser une opération similaire, ce qui lui permettrait de financer les futurs développements sur des motorisations plus vertueuses nécessaires au groupe ou des mouvementes stratégiques comme un repositionnement de Bentley, en difficulté. Le tout permettrait de ne pas gréver des finances mises à mal (notamment) par le dieselgate.

"C’est une question légitime, sans aucun doute", a affirmé le directeur financier du Groupe Volkswagen, Frank Witter, à Londres la semaine dernière, selon Le Blog Auto.

Selon Bloomberg, un mouvement similaire serait très intéressant, puisque les marques haut de gamme de Volkswagen contribuent pour 60% des marges du groupe. Or, le cours de l’action de Volkswagen AG a baissé de 19% depuis le début de l’année. Ces fuites dans la presse pourraient d’ailleurs être une manière de tester cette solution en externe. Reste désormais à savoir si l’architecture actionnariale très complexe du groupe, comprenant entre autres la holding de la famille Porsche, le Land de Basse-Saxe, les représentants syndicaux et le Qatar, permettra cette évolution importante.

Pauline Ducamp