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Essais réussis pour le drone Patroller de Safran qui équipera l'armée de Terre à partir de 2022

Drone Patroller

Drone Patroller - Safran

Safran annonce la réussite des tests menant à la certification de ce drone conçu pour des missions de renseignement. Les livraisons pourraient démarrer en 2022.

Le projet de loi de finances pour l’année 2022 prévoit la livraison de 14 drones tactiques et cinq stations de contrôle à l'armée de Terre, a récemment annoncé la ministre des Armées Florence Parly. Et cette commande semble en bonne voie. Safran Electronics & Defense vient d'annoncer la réussite des tests de certification du Système de Drones Tactiques (SDT) Patroller de Safran Electronics & Defense.

Ces essais ont été réalisés en Finlande en présence de représentants de la Direction Générale de l’Armement (DGA) qui assure la maîtrise d'ouvrage, et de l’armée de Terre. Dans un communiqué, l'industriel français se félicite d'avoir atteint "une étape majeure vers la qualification industrielle" de ce drone conçu pour des opérations de renseignement. Durant tout l'été, l'appareil a été mis à rude épreuve.

"Avec 21 vols, totalisant 76 heures, tous les objectifs ont été atteints: vols d’endurance de 14 heures, altitude plafond, performance de ses équipements optronique et radar, leur exploitation simultanée et en temps réel, décollage et atterrissage automatiques, conduite de mission, discrétion sonore, facilité de mise en œuvre et disponibilité", détaille Safran E&D.

Le Patroller a les performances d'un drone MALE (Medium Altitude Long Endurance). D'une envergure de 18 mètres pour 8,5 mètres de longueur, il navigue à une vitesse pouvant atteindre 314 km/h à une altitude de 7620 mètres et dans un rayon d'action de 180 km. Un concurrent du Reaper américain? Pas vraiment.

"Le Reaper est un drone dit MALE de taille plus importante, sa masse au décollage de classe 5 tonnes évoluant à une altitude de plus de 12km [contre 1,2 tonne pour le drone français, NDLR]" a précisé à BFM Business un porte-parole de Safran en signalant que cet aéronef "est mis en œuvre par l’armée de l’Air" alors que le Partoller est destiné à l'armée de Terre.

Il est équipé de dispositifs de surveillance, une boule optronique Euroflir et radar de surveillance développé par l'Italien Leonardo). Il est compatible avec le système Scorpion de l'armée de Terre afin de fournir des informations en temps réel aux troupes au sol. Mais il ne sera pas armé, nous a confirmé Safran.

"Nous avons reçu de la DGA un contrat pour une étude de levée de risques pour intégrer de l’armement sur le SDT Patroller. Ce projet est totalement disjoint du format SDT actuel, qui reste à ce stade un drone de surveillance et d’observation", signale un porte-parole de Safran.

Combler le retard français

Le succès de ces tests marque l'aboutissement d'un projet observé de très près. En 2016, Safran remporte l'appel d'offre pour 14 appareils à livrer en 2020. Le Patroller a réalisé son premier vol en 2009 puis plus de 200 autres sur dix ans. Mais le programme s'est soldé par un crash en 2019 lors d’un "vol de réception industrielle" près de la base aérienne 125 Istres-Le Tubé. Un épisode qui a contraint l'armée de Terre à commander des Reaper américains et à remettre la livraison du drone de Safran à 2022.

Safran précise que le Patroller sera "l’un des premiers systèmes de drones qui sera formellement certifié suivant la norme OTAN applicable à sa catégorie". Il viendra combler le retard français, souligné par un rapport du Sénat qui cet été alertait sur la nécessité d'accélérer la fourniture de drones aux armées.

L'annonce de la réussite de ces essais renvoie au programme EuroDrone MALE. Quatre industriels européens sont associés au projet: Airbus Defence and Space (Allemagne), Dassault Aviation (France), Leonardo (Italie) et Airbus DS SAU (Espagne). Une commande pour 60 aéronefs (20 systèmes, dont 4 pour la France) a été passée pour une livraison à partir de 2028. Lancé en 2015, il reste toujours dans l'attente de la validation par l'Espagne pour les financements.

En 2020, la Cour des Comptes émettait des doutes sur l'aboutissement du projet. "il y a des signaux d'incertitude sur la capacité du projet à aboutir" en raison de son coût et de besoins opérationnels différents. La question de l'armement se posait et l'Allemagne n'y était pas favorable. En juillet dernier, lors d'une rencontre avec l’Association des journalistes de défense, Florence Parly affirmait "pour nous, c’est fait" pour confirmer que le projet est en bonne voie.

Pascal Samama
https://twitter.com/PascalSamama Pascal Samama Journaliste BFM Éco