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Emmanuel Macron veut promouvoir l'hydrogène en visitant l'entreprise Genvia

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Emmanuel Macron est attendu ce mardi à Béziers pour visiter l'entreprise Genvia, qui a développé une technologie de rupture qui permet de produire de l'hydrogène vert.

La France, prochaine championne de l'hydrogène? Emmanuel Macron est attendu aujourd'hui à Béziers pour évoquer le rôle de l'hydrogène dans les prochaines années pour décarboner l'industrie et la construction. Le chef de l'Etat se rendra sur le site de l'entreprise Genvia, en pointe dans son domaine, issue d'un partenariat public-privé entre le groupe Schlumberger et le Commissariat à l'énergie atomique (CEA). Son objectif: amener d'ici 10 ans le kilogramme d'hydrogène sous la barre des 2 euros, contre 12 aujourd'hui.

Son secret, c'est l'électrolyse à oxyde solide, une technologie de rupture qui permet de produire de l'hydrogène vert (c'est-à-dire produit à partir d'énergies décarbonées) avec un rendement imbattable. De la vapeur d'eau est dissociée sous l'effet d'un courant électrique et d'une température de 800°C. Une quarantaine de brevets ont été déposés pour cette technologie réversible aussi bien capable de produire de l'hydrogène pour stocker de l'électricité que de produire de l'électricité avec l'hydrogène déjà produite et stockée.

500 salariés d'ici 2025

L'objectif est de lancer en 2024 la construction d'une "gigafactory", ou méga-usine, de production de ces électrolyseurs. Les électrolyseurs seront utilisés par des industriels du bâtiment, de la sidérurgie ou d'autres secteurs fortement émetteurs pour produire de l'hydrogène qui sera leur nouveau carburant (à la place des produits pétroliers) et permettra ainsi de décarboner leur activité. Le constructeur Vinci et le cimentier Vicat sont d'ailleurs partenaires de Genvia, de même que le sidérurgiste ArcelorMittal.

"En France nous avons une électricité qui est relativement décarbonée, mais il y a des secteurs qui émettent encore du CO2 [comme] les cimenteries, les aciéries, certaines industries chimiques. Dans ce contexte, l'hydrogène va être un vrai atout pour les décarboner: on va utiliser le CO2 émis, on va produire de l'hydrogène en local et valoriser ce CO2 en faisant, par exemple, des carburants de synthèse", explique Florence Lambert, présidente de Genvia, sur BFM Business.

Inaugurée le 30 mars dernier, Genvia s'est installée sur un ex-site parapétrolier du groupe Schlumberger. Les effectifs doivent atteindre 500 personnes d'ici 2025. La région Occitanie prépare d'ailleurs un centre de formation pour recruter les profils nécessaires.

"Dans ces métiers de l'hydrogène, on va avoir besoin de compétences qui ne sont pas encore perdues en France […] [comme] la métallurgie ou l'assemblage mécanique, et sur la base de ces compétences existantes on peut vraiment accélérer le projet", assure-t-elle.

"Aller le plus vite possible"

La technologie de la jeune co-entreprise est jugée la plus efficace et la plus rentable pour la production d'hydrogène décarboné – un atelier pilote sera mis en route dès l'année prochaine. "Faire des technologies c'est bien, les industrialiser à des coûts compétitifs c'est mieux", avance Florence Lambert. Pour sa présidente, l'ambition est claire: faire de Genvia un acteur industriel de taille mondiale dans l'hydrogène vert.

"Le monde entier est parti sur l'hydrogène, et il faut absolument que, dans ces quatre années qui s'offrent à nous, on soit en mesure d'avoir tout le soutien public […] pour aller le plus vite possible", estime Florence Lambert.

Mais la France a-t-elle mis assez d'argent pour cela? De l'autre côté du Rhin, l'Allemagne a déjà mis 9 milliards d'euros sur la table pour l'hydrogène. "Il faut de l'argent", répond Florence Lambert, mais "ce qui est le plus important c'est la synchronisation de tous, parce qu'il faut non seulement soutenir les industries [de l'hydrogène] mais aussi permettre son déploiement […]. Ce qu'on s'apprête à faire, c'est un marathon: il faut tenir la distance et faire en sorte d'avoir une connexion continue avec l'innovation".

À terme, l'ambition de la France est de créer "cinq gigafactories" d'électrolyseurs sur le territoire, selon des technologies différentes, ce qui permettrait de créer "de 50 à 100.000 emplois d'ici 2030" dans toute la filière hydrogène, affirme l'Élysée.

Jean-Baptiste Huet et Jérémy Bruno avec AFP