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Crédit industrie verte, délais, formation... Ce qu'il faut retenir du discours d'Emmanuel Macron sur l'industrie

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Si le président de la République s'est attaché à démontrer les progrès de la France en matière d'industrialisation depuis 2017, il a exposé les grands défis et leviers, notamment en matière de formation, de délais et d'aides, pour accélérer cette tendance d'ici 2030.

Emmanuel Macron a présenté ce jeudi, à l'Élysée, son plan pour accélérer la réindustrialisation de la France. Après avoir longtemps délaissé le secteur, notre pays obtient de réelles avancées (notamment en ouvertures d'usines et en emplois industriels) mais il faut encore accélérer estime le président de la République. "On peut aller beaucoup plus loin", a-t-il lancé.

• Objectif compétitivité

Emmanuel Macron a promis une industrie française "décarbonée, respectueuse de la biodiversité, numérisée et transformée" à horizon 2030. 

Pour y parvenir, le président de la République a dit vouloir tenir "la ligne de la compétitivité". "J'aurais une politique de constance sur le plan macroéconomique: continuer d'être compétitif sur le capital, le travail et l'innovation et augmenter la quantité de travail", a également dit le chef de l'État, évoquant la réforme des retraites, réalisée dans cette logique. 

Car "si la France désindustrialisée par rapport aux voisins, c’est que nous travaillons moins que nos voisins dans le cycle de vie", a-t-il ajouté. 

• 700 millions d'euros pour la formation

Deuxième levier stratégique d'accélération industrielle: la formation. Emmanuel Macron a donc confirmé l'enveloppe de 700 millions d'euros pour améliorer les formations aux "métiers d'avenir". Ce montant avait été annoncé fin avril par le gouvernement.

"700 millions d'euros seront engagés dès les prochains jours et dans l'année à venir pour faire évoluer la carte des formations à tous les niveaux de diplôme", a-t-il dit.

"On va accélérer massivement la formation aux métiers d'avenir de l'industrie", avec l'ouverture de 15.000 "nouvelles places" dès la rentrée 2023, a-t-il dit.

"Ce sont des formations adaptées aux besoins, au plus près du terrain et qui permettent aussi de conjurer une autre forme d'inégalité, l'éloignement pour beaucoup de familles des lieux d'études qui impliquent des coûts en logement et transport", a-t-il ajouté.

Il faut "développer de la formation, parfois plus courte (...) au plus près de l'endroit où on habite, parfois dans des sous-préfectures, des petites préfectures", a-t-il insisté.

• Réduire à 9 mois les délais administratifs pour les nouveaux projets

Autre point à accélérer en priorité: les délais dans les procédures administratives qui sont souvent dénoncées par les porteurs de projets industriels. Un nouveau choc de simplification administrative, c'est ce que promet Emmanuel Macron aux entreprises qui voudraient s'implanter sur le territoire. 

"Les délais réels sur les projets industriels aujourd'hui c'est 17-18 mois, estime-t-il. On les a déjà beaucoup réduits, avant c'était 2-3 ans. Ce qu'on doit faire c'est les amener à 9 mois garantis."

Comment? "C'est possible en mettant en parallèle toutes les procédures, détaille Emmanuel Macron. [...] Nos procédures, elles se font en bout à bout. On a la procédure environnementale et puis on a la procédure d'urbanisme... Toutes ces contraintes, c'est l'administration qui doit les prendre."

Des équipes projets seront en charge de traiter les différentes procédures en parallèle pour garantir les 9 mois de délais pour l'obtention des permis. 

• Un crédit d'impôt industrie verte

Emmanuel Macron a annoncé la création d'un "crédit d'impôt industrie verte pour les technologies identifiées dans les textes européens", comme les batteries électriques, les pompes à chaleur, les éoliennes ou les panneaux solaires. 

Cette mesure devrait "permettre de déclencher 20 milliards d'euros d'investissement sur le territoire national d'ici à 2030", a indiqué le président de la République. 

• Aides d'État: priorité pour soutenir les batteries et les véhicules électriques produits en Europe

Le bonus écologique sera fléché sur les "véhicules produits en Europe", a annoncé Emmanuel Macron. 

"On va soutenir les batteries, les véhicules qui sont produits en Europe parce que leur empreinte carbone est bonne", a dit le chef de l'État. Le bonus automobile prendra en compte "l'empreinte carbone" pour "soutenir" ce qui est produit en Europe, annonce le président de la République.

"Cela ne veut pas dire qu'on fait du protectionnisme mais on ne veut pas utiliser l'argent du contribuable français pour accélérer l'industrialisation non-européenne", a-t-il ajouté, appelant à ne "pas répéter les erreurs" commises avec l'industrie photovoltaïque, dominée par les Chinois.

• Une "pause réglementaire européenne" sur les contraintes environnementales

"On a déjà passé beaucoup de réglementations en Européens. On est devant, en termes réglementaires, les Américains et les Chinois ou toute autre puissance dans le monde", regrette le président de la République.

"J'appelle à une pause réglementaire européenne. Maintenant, il faut qu'on exécute, il ne faut pas qu'on fasse de nouveaux changements de règles parce qu'on va perdre tous les acteurs. On a besoin de stabilité", a déclaré le chef de l'Etat.

• "Pas vocation à devenir les consommateurs de l'industrie américaine"

"La France s'est davantage désindustrialisée que les autres pays en Europe", a déclaré le président de la République. Selon lui, "on a parfois laissé faire" la désindustrialisation, en raison d'un "choix presque idéologique". 

Conséquence, une perte de souveraineté, qui a été criante pendant la crise du covid. La réindustrialisation de l'Europe est donc "un enjeu de souveraineté" a déclaré Emmanuel Macron. "Si nous ne le faisons pas, nous dépendrons des autres". 

Évoquant la recrudescence des tensions géopolitiques, notamment entre la Chine et les États-Unis, le président de la République a distingué deux modèles: "On a une Chine qui investit massivement avec un modèle statocentré" et des valeurs qui "ne sont pas les nôtres (...) et un choix américain en rupture avec les dernières années et qui est plutôt America First". 

Dans ces conditions, Emmanuel Macron a martelé sa volonté de renforcer la souveraineté industrielle européenne. "Dans cette bataille, nous n'avons pas vocation à devenir les consommateurs de l'industrie américaine", a-t-il dit. 

• 90.000 emplois industriels créés depuis 2017

Les politiques mises en œuvre portent leurs fruits se félicite Emmanuel Macron. "300 usines" et "environ 90.000 emplois industriels" ont été créés depuis 2017. Par ailleurs, "pour la quatrième année consécutive, nous sommes le pays le plus attractif d'Europe" en matière d'investissements étrangers, a rappelé le chef de l'Etat, évoquant le dernier rapport du cabinet EY. 

"Compte tenu de l'accélération (de la réindustrialisation) que j'évoquais, on peut et on doit aller beaucoup plus loin à horizon 2030". 

Olivier Chicheportiche Journaliste BFM Business