Arrêté au Japon, Carlos Ghosn dénonce "une nouvelle manœuvre de certains individus chez Nissan"

- - Eric Piermont - AFP
Libéré le 6 mars après plus de trois mois en détention, Carlos Ghosn a été interpellé à nouveau jeudi matin à son domicile de Tokyo sur de nouveaux soupçons de malversations financières. Les enquêteurs du bureau des procureurs se sont rendus au petit matin à son immeuble.
"Pourquoi venir m'arrêter alors que je n'entravais en rien la procédure en cours, sinon pour me briser ?", a lancé le magnat de l'automobile déchu dans un communiqué transmis à l'AFP et probablement rédigé au préalable. Et d'ajouter: "Je suis innocent de toutes les accusations infondées portées contre moi et des faits qui me sont reprochés".
Cette arrestation "fait partie d'une nouvelle manœuvre de certains individus chez Nissan qui vise à m'empêcher de me défendre en manipulant les procureurs", a-t-il accusé, reprenant le thème du "complot" brandi dans de précédentes interviews accordées en prison.
Son avocat Junichiro Hironaka s'est lui aussi insurgé contre les méthodes du parquet: "Nous ne comprenons pas pourquoi ils ont besoin de le placer en détention. (...) C'est extrêmement injuste". Le défenseur tiendra un point de presse à 15h15 heure de Tokyo (8h15 heure de Paris).
Carlos Ghosn avait prévu de s'exprimer le 11 avril
Déjà sous le coup de trois inculpations, Carlos Ghosn risque une quatrième mise en examen cette fois-ci pour "abus de confiance aggravé". Il lui est reproché d'avoir profité de sa fonction de patron de Renault-Nissan pour détourner plusieurs millions de dollars et en user à des fins personnelles.
Au Japon, la date du procès n'a pas été fixée. Ses avocats ont déposé cette semaine une requête au tribunal pour que l'ex-patron soit jugé séparément de Nissan, qui, bien qu'étant aussi inculpé sur un des volets, "a pris depuis le début le parti des procureurs", selon Me Hironaka.
Cette nouvelle arrestation et le dernier rebondissement en date dans un interminable feuilleton, qui s'est ouvert le 19 novembre avec l'arrestation surprise de celui qui était alors le tout-puissant PDG de l'alliance automobile Renault-Nissan-Mitsubishi Motors, intervient alors même qu'il avait décidé de prendre la parole pour la première fois depuis sa sortie de prison. Carlos Ghosn avait annoncé mercredi via Twitter, de façon impromptue, qu'il s'exprimerait devant la presse le 11 avril.