Affaire Ghosn: l'enquête interne de Renault met à jour des montages financiers douteux

Montage via une société omanaise qui distribue les véhicules du constructeurs, facturations douteuses de jets d'affaires, contrats de conseil auprès de certaines personnalités... l'enquête interne chez Renault met à jour les pratiques de son ancien patron.

Les conclusions de l'enquête interne menée chez Renault seront dévoilées mercredi au conseil d'administration et elles risquent de porter un nouveau coup à Carlos Ghosn.

Lundi, on apprenait que le constructeur français avait signalé à la justice plusieurs millions d'euros de paiements suspects réglés par la présidence du groupe sous la direction du patron franco-libanais. Ces montants ont été versés à la société qui distribue les véhicules du groupe Renault à Oman: Suhail Bahwan Automobiles (SBA).

Une partie de cet argent a été transférée sur les comptes de la société GFI au Liban, contrôlée par l'avocat Fady Gebran, un proche de Carlos Ghosn, selon les informations des Echos. Sur plusieurs années, Renault aurait ainsi versé 10 millions d'euros et Nissan 35 millions de dollars. Ces fonds auraient contribué à l'achat d'un yacht de 10 millions de dollars et au financement de la start-up du fils de Carlos Ghosn pour 27,5 millions de dollars. 

Par ailleurs, les enquêteurs s'interrogent sur d'autres éléments, notamment l'utilisation de quatre jets d'affaires, dont ils soupçonnent une surfacturation qui pourrait alimenter un montage offshore. Ils ont également découvert des contrats de conseil. Ainsi l'ancien conseiller de Nicolas Sarkozy, Alain Bauer, a touché "plusieurs centaines de milliers" d'euros de Renault et de la holding néerlandaise Renault-Nissan BV (RNBV). Cette dernière a aussi versé 600.000 euros à l'ancienne ministre de la Justice Rachida Dati, 50.000 à l'avocat qui a géré le divorce de Carlos Ghosn... "Et cette liste est loin d'être exhaustive", précise le quotidien économique.

Jean-Christophe Catalon