Affaire Ghosn: Renault signale à la justice l'existence de nouveaux versements suspects

Les auditeurs chargés d'éplucher les comptes ont été surpris de voir des dépenses de marketing à Oman affectées au centre de coût de la présidence du groupe Renault à Paris. - Kazuhiro Nogi-AFP
Dans le cadre de l'affaire mettant en cause Carlos Ghosn, Renault mène sont enquête interne et a découvert des éléments suspects relatifs à des mouvements de fonds de plusieurs millions d'euros. Selon une source proche du dossier, ce signalement a été effectué vendredi 29 mars auprès du parquet de Nanterre (Hauts-de-Seine). Cette juridiction avait déjà été saisie et avait ouvert une enquête sur le financement du mariage de Carlos Ghosn au château de Versailles en octobre 2016.
Des dépenses "suspectes" concernant Oman imputées à Paris
Les montants suspects, pour "plusieurs millions d'euros", ont été versés à la société qui distribue les véhicules du groupe Renault à Oman au Moyen-Orient. Les auditeurs financiers chargés d'éplucher les comptes ont été surpris de voir des dépenses de marketing à Oman affectées au centre de coût de la présidence du groupe à Paris, alors que ce type de dépenses est normalement imputé sur le budget marketing des régions concernées.
Des flux financiers similaires avaient déjà été détectés chez Nissan, le partenaire japonais de Renault dont Carlos Ghosn était président. Ces mouvements de fonds sont soupçonnés d'avoir été utilisés pour des dépenses personnelles n'ayant aucun lien avec l'activité de l'entreprise, ce dont l'ex-PDG de Renault se défend .
La rémunération de Carlos Ghosn en 2018 sera discutée
En France, l'ancien patron, déchu de toutes ses fonctions chez Renault et Nissan, est soupçonné d'avoir obtenu la location du château de Versailles et du Grand Trianon pour l'organisation de son mariage, une prestation évaluée à 50.000 euros, en contrepartie d'une convention de mécénat signée entre l'établissement public et la marque au losange. L'enquête, confiée à l'Office central de lutte contre la corruption et les infractions financières et fiscales (Oclciff), fait suite à un signalement de Renault à la justice début février.
Un conseil d'administration du constructeur est prévu mercredi 3 avril afin de préparer la prochaine assemblée générale des actionnaires. La rémunération de Carlos Ghosn au titre de 2018 devrait notamment y être discutée ainsi que le renouvellement d'administrateurs arrivés en fin de mandat. La réunion sera aussi l'occasion de faire un point sur les résultats de l'enquête interne.
Libéré le 6 mars sous caution après plusieurs mois de prison, Carlos Ghosn, qui n'a pas le droit de quitter le Japon, a été inculpé dans ce pays pour minoration d'une partie de ses revenus pour un montant de 9,23 milliards de yens (74 millions d'euros) entre 2010 et 2018, dans les rapports de Nissan remis aux autorités boursières. Il a également été inculpé pour divers abus de confiance.