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Abus de confiance, transferts suspects d’argent ... la liste de ce qui est reproché à Ghosn s'allonge

Les soupçons se multiplient autour des pratiques de Carlos Ghosn à la tête de l'Alliance Renault-Nissan.

Les soupçons se multiplient autour des pratiques de Carlos Ghosn à la tête de l'Alliance Renault-Nissan. - CHARLY TRIBALLEAU / AFP

Carlos Ghosn a de nouveau été arrêté et incarcéré ce jeudi. Les accusations de malversations financières se multiplient aussi bien côté Renault que Nissan.

Carlos Ghosn doit désormais faire face à une possible quatrième mise en examen. Alors qu’il avait annoncé hier la tenue d’une conférence de presse le 11 avril, l’ancien patron de l’Alliance Renault-Nissan est de retour à la prison de Kosuge, dans la banlieue de Tokyo, ce jeudi. La justice s’interroge sur des transferts de fonds allouées à la présidence de Nissan, comme à celle de Renault, vers un distributeur de véhicules Renault et Nissan à Oman. Dévoilées ces derniers jours, ces nouveaux soupçons s’ajoutent à une longue liste de potentielles malversations.

  • Dissimulation de revenus

Carlos Ghosn a été arrêté une première fois le 19 novembre, pour des soupçons de dissimulation d’une partie de ses revenus chez Nissan, entre 2010 et 2018. Il fait face à une double mise en examen pour ces faits, qui portent sur environ 74 millions d’euros, et incarcéré pendant 108 jours, avant d'être remis en liberté le 6 mars. Ces fonds auraient été dissimulés via RNBV, la holding qui a incarné jusque cette année l’existence juridique de l'Alliance Renault-Nissan.

  • Abus de confiance

Carlos Ghosn est aussi poursuivi pour abus de confiance. Selon le parquet, il a tenté de faire couvrir par Nissan "des pertes sur des investissements personnels" (15 millions d’euros environ) au moment de la crise financière d'octobre 2008. cette couverture aurait été assurée par l’intermédiaire d’un homme d’affaires saoudien. Des versements auraient aussi été réalisés pour des dons à des universités au Liban.

  • Des appartements payés par Nissan

Le constructeur japonais aurait aussi financé des appartements à Beyrouth (Liban), Rio de Janeiro (Brésil) ou encore Paris. Ces biens immobiliers auraient servi pour les besoins de Carlos Ghosn et de ses proches. C’est une filiale de Nissan, qui aurait financé l’achat de ses appartements. Le constructeur japonais aurait également rémunéré la soeur de Carlos Ghosn, Claudine Oliveira, entre 2003 et 2016, à hauteur de 660.000 euros. Elle exerçait alors un emploi au Conseil Global des Donations de l'Alliance.

  • Le mariage au château de Versailles

Une enquête interne a également été menée chez Renault. Le 7 février, le constructeur français signale des soupçons entourant le mariage de Carlos Ghosn organisé en 2016 au château de Versailles (Yvelines). Renault est un des mécènes du château depuis cette date, et la cérémonie privée de 50.000 euros aurait été considérée comme "un bénéfice personnel" faisant partie de cet accord de partenariat. Le parquet de Nanterre a ouvert une enquête préliminaire sur ces conditions financières le 11 mars. Toujours à Versailles, des questions se posent sur un dîner de gala facturé 600.000 euros à Renault, pour les 15 ans de l’Alliance, en 2014. L’audience de cet événement aurait surtout été constituée de proches de Carlos Ghosn.

  • Des fonds transférés à Oman

C'est ce dossier qui a ramené Carlos Ghosn en prison ce 4 avril. Selon Les Echos, un communiqué du parquet soupçonne le dirigeant d'avoir transféré, via un distributeur de véhicules à Oman, un peu moins de 14 millions d'euros depuis la réserve financière de la présidence de Nissan. Des transferts suspects d’argent vers la même société, via les pays du Golfe, auraient également été découverts chez Renault. Au total, plus de 30 millions seraient concernés. Ces fonds auraient notamment servi à acheter un yacht à plus de 10 millions d'euros, le "Shachou", mais aussi à financer la start-up de son fils. Pour les procureurs, cela constituerait un "abus de confiance aggravé".

Pauline Ducamp