Guerre en Ukraine: comment l'oligarque russe propriétaire du géant des voyages TUI échappe aux sanctions

Alexei Mordachov a trouvé une méthode simple mais efficace pour conserver indirectement la propriété du voyagiste allemand. Les autorités ont lancé une enquête.

Les oligarques russes sont, on le sait, en première ligne des sanctions infligées par l'Europe et les Etats-Unis suite à l'invasion de l'Ukraine par la Russie. Mais certains de ces milliardaires n'ont aucune intention de perdre la main sur leurs actifs.

Alexei Mordachov, un des hommes les plus riches de Russie (30 milliards de dollars de fortune), proche de Vladimir Poutine et accessoirement premier actionnaire du voyagiste TUI Group (qui se revendique numéro un mondial) a ainsi utilisé une vieille méthode qui visiblement est toujours efficace.

Début mars, il décide de démissionner du conseil de surveillance de TUI Group. Puis il cède 25,8% de ses parts détenues par sa société chypriote Unifirm (sur un total de 34%) à une mystérieuse société basée dans le paradis fiscal des Iles Vierges Britanniques baptisée Ondero Limited. Impossible de savoir qui se cachait derrière cette entreprise avant que TUI Group lève lui-même le voile.

De sauveur à personnage encombrant

C'est Marina Mordachov, actuelle femme du milliardaire, qui est la première actionnaire d'Ondero et qui devient par la même occasion, la première actionnaire de TUI. Une manoeuvre facilitée par le fait que les épouses des milliardaires russes ne sont pas toujours automatiquement concernées par les sanctions occidentales, sanctions qui interdisent aux oligarques de revendre leurs actions.

Evidemment la manoeuvre un peu grossière émeut en Allemagne pays d'origine de TUI. Le ministère de l'Economie a donc décidé de lancer "une procédure d’enquête en vertu de la loi sur le commerce extérieur et les paiements contre Ondero Limited", annonce le voyagiste.

De quoi permettre de geler le temps de cette enquête la transaction effectuée et les droits de vote qui pourraient être exercés.

Mais l'affaire n'est pas si simple. En 2020, TUI Group a bénéficié de plusieurs aides de l'Etat allemand, mais aussi de massifs investissements d'Alexei Mordachov pour recapitaliser le groupe pour lui éviter la faillite en pleine crise du covid.

Plus d'un milliard d'euros ont été remis au pot par l'oligarque (sur un total de 3 milliards), lui offrant un statut de sauveur de TUI en Allemagne. Avant de passer à celui de personnage encombrant...

Olivier Chicheportiche Journaliste BFM Business