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Guerre en Ukraine: le boycott américain sur le pétrole russe est-il une bonne affaire pour les Etats-Unis?

Malgré la flambée des prix à la pompe, les Etats-Unis ne vont plus acheter de pétrole à la Russie.

Malgré la flambée des prix à la pompe, les Etats-Unis ne vont plus acheter de pétrole à la Russie. - -

Le président Joe Biden a annoncé mardi un embargo sur les importations de pétrole russe aux Etats-Unis.

La décision était attendue, elle est désormais actée. Le président Joe Biden a annoncé mardi un embargo sur les importations de pétrole russe aux Etats-Unis, en réponse à l'invasion de l'Ukraine.

Cette annonce vise à sanctionner la Russie "pour sa guerre injustifiée et non provoquée" contre ce pays, a indiqué la Maison Blanche. Pour autant, le boycott américain sur le pétrole russe est une bonne affaire pour les Etats-Unis.

Des importations très faibles

Le risque pour l'approvisionnement américain n'est pas très élevé. Le pétrole russe ne représente que 3% des importations américaines (245 millions de barils), un chiffre qui monte à 8% si on prend en compte tous les produits transformés comme les huiles.

Dans le même temps, les Etats-Unis ne représentaient en 2020 que 1,3% des exportations russes de pétrole, selon les données Comtrade de l'ONU.

De nouveaux clients en perspective

L'Union européenne cherche à organiser sa sortie de sa dépendance au pétrole russe même si les disparités sont fortes au sein de l'UE. Le pétrole russe ne pèse par exemple que 9% des importations pour la France contre près de 42% pour l’Allemagne.

Olaf Scholz a ainsi souligné lundi que les importations d'énergie fossile en provenance de Russie étaient "essentielles". Le chancelier allemand a également jugé que l'approvisionnement européen ne pouvait être assuré autrement à ce stade. Mais l'annonce américaine pourrait faire effet d'accélérateur.

"On décidera en temps et en heure si on suit les Etats-Unis mais ce sera de toute façon une réponse unie", a souligné l'entourage de la ministre de la Transition écologique. "L'Europe restera unie, cohérente et coordonnée pour tout type de décision", a-t-on insisté. Ce mardi, l'Union européenne a dévoilé un plan pour limiter au maximum sa dépendance aux énergies fossiles russes.

La conséquence est simple: les 27 devraient solliciter davantage leurs autres fournisseurs que sont le Canada, la Norvège, l’Algérie, le Qatar et bien sûr, les Etats-Unis...

Mais un risque de poursuite de hausses de prix

En réalité, depuis le début de la guerre en Ukraine, les Etats-Unis avaient déjà quasiment coupé leurs importations de pétrole russe. Malgré la faible part russe dans les importations de pétrole, les Etats-Unis subissent eux aussi des hausses de prix à la pompe, liées au contexte général de flambée des prix du baril. Le prix du gallon d'essence (3,78 litres) a ainsi franchi dimanche la barre des 4 dollars et se rapproche de son record absolu (4,11 dollars), qui date de 2008.

Les Etats-Unis devront quand même compenser avec d'anciens ennemis?

Rappelons que les Etats-Unis sont devenus exportateurs nets (exportations supérieures aux importations) en 2020, une première dans l'ère moderne, et le sont restés en 2021. Ils peuvent donc puiser dans leurs réserves mais le pays souffre de capacités de production insuffisantes depuis le début de la crise covid.

Les Etats-Unis pourront se tourner vers le Canada (61% des importations de pétrole) mais selon plusieurs médias américains, le gouvernement Biden a repris récemment contact avec le président vénézuélien Nicolas Maduro pour étudier l'assouplissement éventuel des sanctions qui visent le pays depuis 2019.

Le pays négocie également avec l'Iran, ennemi de toujours, la relance de l'accord de 2015 sur le programme nucléaire iranien. Un succès permettrait de lever les sanctions sur le pétrole iranien et d'ajouter 1,3 à 1,5 million de barils par jour sur le marché.

L'administration Biden souhaiterait également inciter l'Arabie Saoudite de produire davantage d'or noir, ce qu'il s'est pour l'instant refusé à faire malgré la flambée des prix.

Olivier Chicheportiche Journaliste BFM Business