Grèves: dans les raffineries, le mouvement se durcit
La situation se tend encore un peu plus dans les raffineries de pétrole. L'emploi du 49.3 par le gouvernement semble avoir dopé la mobilisation des salariés, tous remontés contre ce qui est perçu comme un coup de force.
Dans la raffinerie de Donges (Loire-Atlantique), Fabien Privé Saint-Lanne, délégué syndical CGT, a appelé le président Macron à retirer "cette loi scélérate après le déni de démocratie qu'a constitué l'utilisation du 49.3", assurant que "les salariés de ce pays dans leur ensemble n'ont pas d'autre choix que de lutter et de se battre, sans quoi demain, ce seront le temps de travail, les congés payés et le droit de grève qui, indubitablement, seront remis en cause".
"Je pense que le 49.3 a revigoré un petit peu les troupes. Malheureusement, cette utilisation vient cristalliser aussi la colère, les tensions", a pour sa part analysé Adrien Vaugrenard, délégué syndical CFDT, à l'issue de l'assemblée générale.
Conséquence, la reconduction de la grève est votée dans plusieurs sites, raffineries mais aussi dépôts.
Sur BFMTV ce vendredi, Fabien Privé Saint-Lanne, secrétaire CGT de la raffinerie Totalénergies de Donges confirme "la reconduction du mouvement de grève jusqu'au 24 mars, 21h". Cette grève a débuté le 7 mars.
Raffineries mais aussi dépôts
"Il s'agit d'amplifier la mobilisation et de poursuivre le mouvement de grève pour que jeudi prochain dans la rue et les entreprises, il y ait élargissement de ce mouvement social" ajoute-t-il.
"Aucune goutte de carburant ne sort de la raffinerie de Donges (...) des pénuries vont se faire sentir rapidement", prévient le représentant syndical.
"La SFDM, le dépôt pétrolier adjacent à la raffinerie, est également en grève reconductible depuis hier (...) donc clairement, la mobilisation s'accentue et le mouvement se durcit", a-t-il poursuivi.
Du côté de la raffinerie Totalénergies de Normandie, où les salariés sont en grève mais où les expéditions se poursuivent, l'activité "sera arrêtée" à partir de ce week-end, a indiqué vendredi à l'AFP Eric Sellini, coordonnateur CGT au sein du groupe pétrolier.
"Les salariés ont haussé le ton" et "les principales unités commenceront à s'arrêter à partir de demain" de manière à ce que "normalement, la raffinerie sera arrêtée ce week-end ou lundi au plus tard", a-t-il détaillé.
Totalénergies précise qu'"avec le blocage des expéditions, nous serons effectivement amenés à arrêter certaines unités une fois les stocks maximums atteints mais ceci se fait unité par unité en fonction des situations".
Par ailleurs, les raffineries de La Mède (Bouches-du-Rhone) et celle d'Esso à Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhone) sont toujours en grève, "ça ne change pas", a expliqué Eric Sellini. A Fos, "les livraisons se font de façon sporadique", a-t-il ajouté.
La raffinerie Esso de Gravenchon-Port-Jérôme (Seine-Maritime) avait dû arrêter sa production par manque de pétrole brut envoyé par le dépôt d'importation du Havre, où les salariés sont également en grève.
Enfin, Totalénergies indique que la raffinerie de Feyzin "fonctionne quasiment normalement".