Flambée des carburants: ce que demande le transport routier pour éviter les défaillances "qui vont se multiplier"

La flambée des prix du carburant frappe violemment le secteur du transport routier avec un risque clair de travail à perte quand on sait que ce poste de dépense peut représenter jusqu'à 25% de leurs coûts.
Alors que le gouvernement prépare un "plan de résilience" ciblé et sectoriel qui devrait être dévoilé la semaine prochaine, les filières font des propositions pour orienter les arbitrages de Matignon.
C'est le cas du transport de voyageurs. Ce jeudi, la Fédération nationale des transports de voyageurs (FNTV) a rencontré Jean-Baptiste Lemoyne, le ministre en charge du Tourisme pour demander un soutien spécifique.
+35% pour le gazole en un mois
"La situation est extêmement préoccupante", confirme à BFM Business, Jean-Sébastien Barrault, le président de la FNTV, "le gazole a augmenté de 35% en un mois, on craint des défaillances à court terme".
Dans une lettre ouverte, la FNTV ainsi que d'autres fédérations du transport routier et de la logistique soulignent que les mécanismes de répercussion légale ou conventionnelle comme la récupération de la taxe intérieure sur la consommation des produits énergétiques (TICPE) sur le gazole routier "ne suffisent plus dans un contexte où les hausses sont quotidiennes".
Le transport routier met également en avant la revalorisation annuelle des minima salariaux conventionnels à hauteur de +5%, soit un poids supplémentaire sur les coûts et les marges.
"Les entreprises sont exsangues, les trésoreries vides et les perspectives très sombres. Ces hausses sans précédent font s’interroger de nombreux transporteurs sur leur capacité à continuer à assurer leur mission de transport sans travailler durablement à perte. Les défaillances d’entreprises vont se multiplier", alertent-elles.
Des demandes spécifiques à chaque secteur
Et de demander un soutien immédiat et direct des entreprises "permettant de protéger nos entreprises des évolutions futures des coûts de l’énergie" qui passerait par différentes solutions qui ne font d'ailleurs pas l'unanimité au sein des organisations professionnelles.
Pour autant, chaque filière n'a pas les mêmes besoins. Pour le transport de voyageurs, la révision mensuelle des prix des contrats publics de transport est prioritaire.
"Ces prix sont révisés une fois par an en fonction d'une formule d'indexation des coûts. Avec la dérive des prix, ce n'est plus possible, on ne peut pas attendre cette révsion une fois par un, il faut le faire une fois par mois", nous explique Jean-Sébastien Barrault.
Le secteur demande également "des aides directes, le remboursement intégral de la TICPE ou de la TICGN alors qu'il est aujourd'hui partiel", poursuit le responsable. "Si le gouvernement n'est pas en mesure de le faire, il faudra d'autres solutions comme l'exonération de charges".
Du côté du transport routier de marchandises, "la première demande est la baisse des taxes sur le carburant", nous indique un porte-parole de la FNTR, la fédération nationale du transport routier.
"C'est à l'Etat de trouver des solutions"
Cette solution est pourtant clairement écartée par le gouvernement car elle est très coûteuse.
"On voit que ça se passe dans d'autres pays mais il faut bien trouver une solution. Nous pouvons l'accepter à condition que le gouvernement nous propose autre chose ce qui n'est pas le cas pour le moment. C'est à l'Etat de trouver des solutions, il faut trouver un équilibre pour éviter de voir de nombreuses entreprises s'arrêter", poursuit-il.
La FNTR plaide également pour la baisse des cotisations sociales et fiscales ou encore des aides directes.
Si le gouvernement doit dévoiler la semaine prochaine le contenu de son plan ciblé de résilience, les négocoiations se poursuivent. Selon nos informations, une nouvelle réunion avec le ministre des Transports, Jean-Baptiste Djebbari doit avoir lieu ce vendredi après-midi.