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Sur Euronaval, les drones s'imposent pour protéger et veiller jusqu'à 6000 mètres de fonds

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Le salon Euronaval fait la part belle aux drones de surveillance, d'attaque ou de défense. La DGA a dévoilé des robots anti-mines, un drone explorateur de grands fonds et des systèmes anti-drones.

Les drones ont longtemps été perçus comme un mal nécessaire vers lesquels les armées avançaient en trainant les pieds. Ces dernières années, les conflits ont démontré qu'il est indispensable d'en utiliser et de s'en protéger que ce soit dans des combats terrestres, aériens et même navals.

"Les drones sont une composante extrêmement importante des systèmes de défense. Dans le combat naval, ce sera demain un combat collaboratif entre des navires avec et sans équipage", a expliqué à BFM Business Pierre-Éric Pommellet, PDG de Naval Group, président du Gican et du salon Euronaval.

Sur le salon Euronaval*, le message est passé fort et clair avec des drones sous-marins, de surface et aériens conçus pour la surveillance maritime. On en voit bien plus que les navires et équipements classiques et sur les stands de fournisseurs de tous pays. La France n'est pas en reste. La Direction général pour l'armement (DGA) a dévoilé plusieurs projets stratégiques, le système de lutte antimines futur (SLAM-F) de Thales et le Manta conçu pour l'exploration et la surveillance des grands fonds marins jusqu'à 6000 mètres de profondeur.

Un drone chasseur de mine

Le SLAM-F est un ensemble de trois drones: un petit navire sans pilote pour la surveillance jusqu'à plus de 300 mètres de fonds, deux robots sous-marins pour localiser et classifier et détruire en plaçant une charge explosive activer à distance par un humain. Ces missions sont jusqu'à présent effectuées par des navires chasseurs de mines. La France en dispose de sept avec chacun un équipage de 35 hommes parmi lesquels des plongeurs pour identifier les mines et placer des charges explosives pour les détruire.

"Ce système va progressivement les remplacer. Ces missions sont dangereuses pour les équipages. Les drones sont aussi plus efficaces, ils sont capables de faire des rondes sans interruption", explique à BFM Business l'un des officiers de marine architecte du projet.

La mission du SLM-F est multiple. Il sera chargé de protéger l’accès aux ports français, les sous-marins nucléaires lanceur d'engins (SNLE) et le porte-avions Charles de Gaulle, puis celui de nouvelle génération dès sa mise à flot en 2038. Il pourrait même aussi servir à des missions plus offensives.

"Il pourrait poser des charges explosives sur des cibles et les déclencher des jours et des semaines plus tard", indique un proche de ce projet.

Jusqu'à 6000 m de fonds

Le drone Manta est plus pacifique mais tout aussi stratégique. Conçu par la startup MarineTech et appuyé par l'Agence Innovait Défense (AID), sa mission est l'exploration des grands fonds jusqu'à 6000 mètres de profondeur et la surveillance en surface. Il peut aussi bien veiller sur les câbles sous-marins ou servir d'éclaireur avant le passage de navires militaires ou civils.

Le drone Manta pour les missions à 6000 mètres de profondeur
Le drone Manta pour les missions à 6000 mètres de profondeur © PS

La marine se prépare aussi à d'autres types de mission. Airbus a présenté le VSR700, un hélicoptère sans pilote équipé de radars et de caméras pour permettre aux frégates de taille intermédiaire (FTI) de voir au-delà des 100 miles nautiques en prenant de la hauteur jusqu'à 6000 mètres. Son autonomie est d'une dizaine d'heures pour des missions de renseignement, de surveillance, de ciblage et de reconnaissance en surface, en aérien ou sous la mer.

Munitions et laser anti-drones

La marine cherche aussi à se protéger des attaques de drones, notamment ceux qui volent en essaim pour attaquer ou brouiller des signaux. Dans ce domaine, c'est Nexter, le fabricant du canon Caesar, qui apporte une solution. L'industriel a présenté des systèmes de tirs développés avec Thales, le RapidFire et le Narval. Ils peuvent être armés de munitions "intelligentes" qui une fois dans l'essaim explosent et lâchent des centaines de projectiles en tungstène.

Cette munition a un autre avantage, son prix. Elle ne coûte que "quelques centaines d'euros" nous a confié un responsable de Nexter. La lutte contre les petits drones souvent peu chers est un enjeu mondial. Pour se protéger des drones "Costco" (en référence à la chaine de magasins discount), le Pentagone a décidé de consacrer 636 millions de dollars à la recherche et au développement de systèmes défensifs.

La France s'appuie sur les canons lasers Helma-P de Cilas pour la défense anti-drones. En juin, la DGA a le marché L2AD [Laser de lutte anti-drones] doté de 10 millions d’euros. Filiale historique d’ArianeGroup, Safran et MBDA vient de prendre 60% de cette entreprise française.

* La 28e édition du salon Euronaval se tient du 18 au 21 octobre, au Parc des expositions de Paris-Le Bourget

Pascal Samama
https://twitter.com/PascalSamama Pascal Samama Journaliste BFM Éco