Macron prêt à dévoiler les grandes lignes de la prochaine loi de programmation militaire

Emmanuel Macron et le Chef d'état major des Armées, le général Thierry Burkhard - GONZALO FUENTES
Le président Emmanuel Macron dévoile vendredi les grandes lignes de la future loi de programmation militaire 2024-2030, placée sous le signe de la "transformation des armées" sur fond de guerre en Ukraine, a indiqué mercredi l'Elysée.
Le chef de l'Etat s'exprimera vendredi en fin de matinée lors de ses voeux aux armées, sur la base aérienne de Mont-de-Marsan (Landes), alors que le retour de la guerre en Europe, depuis l'invasion russe de l'Ukraine le 24 février, "nécessite de rassurer et d'éclairer sur la façon dont on défend nos intérêts", commente-t-on à l'Elysée.
Poursuivre l'effort financier
La prochaine LPM promet de poursuivre l'effort financier en matière de défense après une LPM 2019-2025 d'une enveloppe globale de 295 milliards d'euros, qui avait mis fin à des années de coupes budgétaires, indique l'entourage du président Macron, en laissant le soin à ce dernier de préciser son montant.
"On passe d'une logique de réparation à une logique de transformation des armées. On doit pouvoir être plus efficace et performant", souligne l'Elysée.
Les efforts de modernisation de la dissuasion nucléaire française -auxquels 5,6 milliards d'euros de crédits de paiement sont consacrés en 2023- seront maintenus.
L'Outre-mer fera l'objet d'"investissements supplémentaires dans les trois armées (air, mer, terre)", afin de "disposer de forces de souveraineté renforcées pour pouvoir donner un coup de griffe à celui qui voudrait s'en prendre à nos intérêts", notamment dans l'Asie-Pacifique, où les appétits expansionnistes de la Chine inquiètent, fait valoir l'Elysée.
Le nombre de réservistes (40.000 actuellement) sera doublé pour atteindre un ratio de un réserviste pour deux militaires d'active. Quant au Service national universel (SNU), promesse de campagne d'Emmanuel Macron, "nous nous préparons à le généraliser" à tous les jeunes Français, a détaillé l'Elysée.
S'adapter à la haute intensité
La future LPM cherchera à s'adapter aux risques de conflit majeur ("haute intensité"), alors que la guerre en Ukraine a mis en lumière des faiblesses dans le dispositif militaire français.
"On doit tous mener une introspection à la lumière de l'Ukraine", insiste la présidence, en citant "l'ascendant sur le champ de bataille, les équipements, la capacité à commander, la logistique et les munitions, les communications sécurisées...".
Dans le domaine capacitaire, il s'agira de combler les lacunes dans le domaine des drones et des munitions rôdeuses, très employés dans les conflits dans le Haut-Karabakh et en Ukraine, ainsi que dans la défense sol-air.
Conformément à la volonté de d'Emmanuel Macron de développer une "économie de guerre", la LPM fixera pour objectif de "disposer des cycles de production optimisés pour répondre aux besoins des armées", tant sur le plan des munitions que "pour répondre rapidement aux attentes d'un partenaire" comme l'Ukraine, souligne l'Elysée.
Les capacités cyber seront "très sensiblement renforcées" pour disposer d'une "capacité cyber de premier rang".
La France prévoit également de renforcer son échelon national d'urgence prévu pour réagir rapidement aux crises. Ce dispositif compte actuellement 5000 hommes en alerte, permettant de constituer une force de réaction immédiate de 2300 hommes, projetable à 3000 km de l'Hexagone dans un délai de sept jours.