Défense: la loi de programmation militaire 2024-2030 se dessine sous le feu des critiques

Pour 2023, le budget militaires est en hausse de 3 milliards pour passer à 44 milliards d'euros - -
Mercredi, lors d'un déplacement à Toulon, Emmanuel Macron doit esquisser les contours de la Revue nationale stratégique (RNS) qui fixe les grandes orientations de la défense. Au centre, le budget octroyé aux armées par la loi de programmation militaire (LPM) qui conditionnera leurs moyens entre 2024 et 2030. Le sujet soulève déjà des tensions.
Avec le conflit en Ukraine le budget militaire est en hausse, passant à 44 milliards d'euros pour 2023 grâce à une augmentation de 3 milliards. De son côté, l'Allemagne a annoncé une hausse exceptionnelle de 100 milliards du budget consacré à ses armées.
Le budget pour les années à venir sera-t-il à la hauteur des risques? C'est l'enjeu d'âpres discussions entre Bercy et Balard. Le ministre de l'Economie Bruno Le Maire voudrait que l'enveloppe budgétaire entre 2024 et 2030 soit de 377 milliards d'euros au maximum tandis que Sébastien Lecornu, ministre des Armées estime que 410 milliards sont nécessaires pour faire face aux objectifs capacitaires et opérationnels. Selon L'Opinion, les militaires évaluent les besoins à 430 milliards d'euros.
Avancer le calendrier de la LPM
Fidèle à la doctrine qui a valu son éviction du poste de Chef d'Etat Majors des Armées (CEMA), le général Pierre de Villiers, qui publie un nouveau livre (Paroles d’honneur chez Fayard) considère que ces moyens restent insuffisants pour faire face à un risque de guerre de haute intensité. "On voit bien ce qu'il s'est passé en Ukraine".
"A nouvelle situation, nouveaux moyens. Nous menions des opérations de guerre, là il s'agit de mener une guerre, ce n'est pas la même échelle à la fois dans la durée et dans la dureté des opérations" a déclaré le général de Villiers sur BFMTV.
L'ancien CEMA rappelle les besoins nécessaires en termes d'effectif, de munitions, de pièces de rechange et de logistique. "On est dans une situation d'instabilité mondiale grandissante, il faut en prendre conscience et mettre les moyens (...) On ne reconstitue pas un stock de munitions en 6 mois, on ne construit pas des chars, des bateaux ou des avions en 6 mois".
"Quand il y a la pandémie, on met des centaines de milliards, quand il y a le bouclier carburant on met des dizaines de milliards. Il faut passer à la vitesse supérieure", prône le général de Villiers.
"Quand on construit un modèle d'armée pour protéger la France et les Français, il faut partir des menaces puis ensuite on détermine l'enveloppe budgétaire. Nous sommes dans une période d'économie de guerre, le Président a eu raison de le dire", déclare le général qui propose d'avancer le vote de la LPM.
