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Défense

L'Otan soulève le défi industriel des occidentaux pour produire et livrer des munitions à l'Ukraine

Envoi en Ukraine d'un stock de munitions par l'armée américaine (image d'illustration)

Envoi en Ukraine d'un stock de munitions par l'armée américaine (image d'illustration) - Marco A. Gomez / US AIR FORCE

Les pays membres de l'Otan se réunissent mardi pour accélérer la production et les livraisons d'armements et de munitions à l'Ukraine. Un enjeu qui met "nos industries de défense sous pression", selon Jens Stoltenberg, secrétaire général de l'Alliance.

Les membres de l'Otan tenteront mardi d'accélérer leurs livraisons d'armements et de munitions à l'Ukraine et discuteront de la fourniture d'avions de combat pour lui permettre de résister à la nouvelle offensive préparée par la Russie.

Le secrétaire général de l'Alliance Jens Stoltenberg a soulevé lundi l'épineux problème des munitions. Les force ukrainiennes consomment une quantité de munitions largement supérieure à la production des alliés de l'Otan qui doivent impérativement augmenter leurs capacités, a-t-il averti.

"Le rythme actuel d'utilisation de munitions par l'Ukraine est beaucoup plus élevé que notre rythme actuel de production", a-t-il déclaré au cours d'une conférence de presse à la veille d'une réunion des ministres de la défense de l'Otan.

"Cela met nos industries de défense sous pression", a-t-il ajouté.

Difficile, voire quasi impossible d'obtenir des chiffres précis sur la quantité de munitions utilisées par les Ukrainiens et les Russes après une année de guerre. Selon une source militaire française interrogée par RFI, les Russes tiraient jusqu'à 50.000 obus par jour en juillet tandis que les Ukrainiens en utilisaient jusqu'à 6000.

Une course à la logistique

Les Alliés se sont engagés à fournir à l'Ukraine de l'artillerie, des véhicules blindés et chars, des systèmes de défense anti-aériens et "d'autres engagements vont être pris" mardi matin lors de la réunion du groupe de soutien à l'Ukraine dirigé par les Etats-Unis, a assuré le secrétaire général de l'organisation transatlantique.

"Nous sommes engagés dans une course à la logistique pour des capacités clés, (...) Vladimir Poutine ne se prépare pas à la paix. Il lance de nouvelles offensives. Nous devons donc continuer à fournir à l'Ukraine ce dont elle a besoin pour vaincre", a-t-il insisté, soulignant que le ministre ukrainien de la Défense Oleksiï Reznikov serait présent à Bruxelles.

"Les munitions, le carburant et les pièces de rechange doivent parvenir à l'Ukraine avant que la Russie ne puisse prendre l'initiative sur le champ de bataille", a-t-il poursuivi.

Par la voix de son président Volodymyr Zelensky, qui s'est rendu la semaine dernière à Londres, Paris et Bruxelles, l'Ukraine réclame des avions de combats et des missiles longue portée.

"Industries de défense sous pression"

Mais la crainte d'être impliqués dans le conflit bloque de nombreux alliés. "Aucune décision n'est attendue mardi pour les avions de combat", ont assuré plusieurs délégations.

"Le soutien à l'Ukraine a évolué depuis le début du conflit. La fourniture d'avions de combat sera discutée", a toutefois assuré Jens Stoltenberg. "Cela prendra du temps et les priorités à court terme sont les munitions et des armements promis avec du carburant et des pièces détachées", a-t-il aussitôt ajouté.

"Il faut privilégier les livraisons utiles pour permettre aux Ukrainiens de résister et de mener des opérations plutôt que des engagements qui arriveront très tard", avait insisté le président français Emmanuel Macron après sa rencontre avec son homologue ukrainien. Les munitions pour les armements fournis aux Ukrainiens sont devenues la priorité et le problème des alliés.

"Le rythme actuel d'utilisation de munitions par l'Ukraine est beaucoup plus élevé que notre rythme actuel de production", a averti Jens Stoltenberg. "Cela épuise nos stocks et met nos industries de défense sous pression", a-t-il ajouté, appelant à augmenter les cadences d'une part et investir dans les capacités de production d'autre part.

Jens Stoltenberg a salué comme l'exemple a suivre les nouveaux contrats pluriannuels signés par les États-Unis, la France et la Norvège avec les industries de la défense, ce qui leur permet d'investir dans une capacité de production accrue.

Lors du sommets des chefs d'Etat et de gouvernement de l'UE jeudi à Bruxelles, la Première ministre estonienne Kaja Kallas a elle suggéré que les pays membres du bloc utilisent un mécanisme similaire à celui utilisé pour l'achat de vaccins afin de pousser l'industrie de défense à produire davantage. "Les États membres versent des fonds, la Commission se charge des achats et l'aide va directement à l'Ukraine", a-t-elle plaidé. "Cela pourrait permettre d'accélérer le processus".

Pascal Samama
https://twitter.com/PascalSamama Pascal Samama avec AFP Journaliste BFM Éco