Guerre en Ukraine: la Russie agite la menace hypersonique en armant une frégate de missiles Zircon

Intimidation destinée aux Ukrainiens et aux occidentaux ou tentative de réaffirmer sa force vis-à-vis de sa population après la frappe ukrainienne sur Makiïvka qui a fait près d'une centaine de morts? Mercredi, lors d'une visioconférence, Vladimir Poutine a annoncé la production en masse du missile de croisière hypersonique Zircon et le départ de la frégate Amiral Gorchkov dotée de cette arme.
"Il n'y a pas de meilleure arme au monde, je suis sûr qu'elle servira à nous protéger des menaces potentielles et servir nos intérêts nationaux", a déclaré le président russe avant de lancer au commandant de la frégate "à vous de jouer!"
Ce missile expérimental en est toujours à la phase de test par la marine russe depuis 2020. Il atteindrait la vitesse de Mach 9 avec une portée de 1000 kilomètres. En octobre 2020 des essais ont été mené dans l'Arctique russe à partir de la frégate Gorchkov, mais aussi d'un sous-marin immergé.
Démonstration de force
Mais désormais, il ne s'agit plus d'un test mais du premier déploiement opérationnel de ce système de croisière. Lors de la visioconférence, le ministre russe de la Défense, Sergueï Choïgou, a précisé la frégate Gorchkov allait naviguer dans les océans Atlantique et Indien ainsi qu'en mer Méditerranée.
Si la force de frappe de la Russie est réelle, les experts s'interrogent sur la réelle efficacité des missiles Zircon et l'annonce de tant de détails par le Kremlin. Pour le colonet Michel Goya, expert défense pour BFMTV, "il ne seront pas utilisés dans la guerre en Ukraine".
"Ces équipements ont été très longs à mettre en place et ne sont pas forcément toujours au point, mais surtout, ils ne servent à rien dans ce contexte. On est dans la pure démonstration de force", estime le colonel Goya.
Contestation en Russie
Depuis la frappe ukrainnienne sur Makiïvka qui, selon le dernier bilan, a fait 89 morts, le commandement militaire russe fait face à une forte contestation en Russie. Les soldats tués sont des conscrits provenant de la même région. Selon plusieurs sources, le bâtiment où ils étaient logés était à proximité d'un stock de munitions.
Selon le général russe Sergueï Sevrioukov, la "cause principale" de la frappe serait "l'utilisation massive par le personnel de téléphones portables" malgré l'interdiction de le faire, ce qui a permis aux forces ukrainiennes de géolocaliser cette concentration de soldats russes pour cette attaque menée avec des lance-missiles Himars fournie par les Etats-Unis. Cette explication crée en Russie une vive polémique.
"Ce ne sont pas les téléphones portables et leurs propriétaires qui sont à blâmer, mais la négligence banale des commandants, qui, j'en suis sûr, n'ont même pas essayé de réinstaller le personnel" hors du bâtiment, a fustigé le groupe "Notes d'un vétéran" sur Telegram, qui rassemble 200.000 abonnés.
