Défense: la France accélère les commandes de munitions

Lors d'une audition au Sénat, Sébastien Lecornu a détaillé les commandes de munitions passées fin 2022 et celles à venir en 2023. La priorité porte sur les obus de 155 mm destinés aux canons Caesar.

La France serait-elle à cours de munitions en cas de conflit de haute intensité? Cette question soulevée dès février 2022 quelques jours avant l'invasion de l'Ukraine par la Russie dans un rapport de Cédric Perrin, sénateur du Territoire de Belfort a le don d'exaspérer le ministère des Armées et les militaires. Mardi, lors d'une audition au Sénat, elle est évidemment revenue.

"Les munitions, c'est un sujet cher au sénateur Perrin qui est inquiet sur Twitter. Je veux le rassurer. Qui aime bien châtie bien", a lancé sourire en coin Sébastien Lecornu, ministre des Armées.

Priorité sur les munitions de Caesar

Reste que la situation en Ukraine montre que la constitution de stocks et l'accélération de la production restent le nerf de la guerre. Devant les sénateurs et dans cette audition diffusée en direct, Sébastien Lecornu a passé en revue les commandes récemment passées et celles à venir.

"On n'attend pas la prochaine LPM (loi de programmation militaire) pour le faire. On fait un retour d'expérience de l'Ukraine et on va continuer de le faire", a déclaré Sébastien Lecornu.

Le ministre a rappelé une nouvelle commande de 5000 munitions de 155 mm, celle pour les canons Caesar, a été passée en juillet. En décembre, la France a également anticipé des commandes pour 200 unités de missiles antichars à moyenne portée (MMP) en décembre 2022 et une centaine de missiles Mistral. Une commande passée en commun avec l'Italie également en décembre porte sur plus de 200 missiles Aster.

Pour 2023, le rythme des commandes va s'accélérer. Dès mars, la France passera une nouvelle commande auprès de Nexter pour "16.000 unités d'obus de 155 mm. De plus, il y aura aussi "trois commandes globales pour un volume annuel de 15.000 munitions en obus de 155 mm, en MMP et en Mistral".

L'aide à l'Ukraine sort de la LPM

Quelle sera la répartition des munitions destinées à aider l'Ukraine et celles nécessaires pour les armées françaises? Le ministre ne le dit pas, mais donne une précision importante.

"Les dépenses liées à l'Ukraine seront sorties de la LPM en accord avec le Président de la République et la Première ministre. Ça permettra d'assumer cette affaire de manière plus démocratique", a indiqué Sébastien Lecornu.

La guerre en Ukraine a par ailleurs pointé la nécessité de relocaliser la production de poudre propulsive pour les obus. Le 24 février, Sébastien Lecornu a annoncé que l'industriel français Eurenco, qui produit explosifs et poudres pour les munitions d'artillerie, va rapatrier à Bergerac (Dordogne) des capacités de production de poudre de gros calibre "sur un horizon assez court". L'objectif est de produire 1200 tonnes de poudre par an.

Selon le dernier rapport du Kiel Institute for the World Economy sur l'aide internationale à l'Ukraine, la France aurait dépensé 0,66 milliard de dollars sur un montant total de 62 milliards. Près de 45 milliards de dollars en équipement, armement et matériel ont été fournis par les Etats-Unis.

https://twitter.com/PascalSamama Pascal Samama Journaliste BFM Éco