Comment sera réparti le budget des armées en discussion à l'assemblée

Dès ce lundi 22 mai, les débats à l'Assemblée nationale seront âpres pour fournir aux armées les 413 milliards nécessaires à son fonctionnement et sa modernisation sur la période 2024-2030.
A la différence des autres lois de programmation militaire (295 milliards pour la précédente), celle en discussion se déroule dans un contexte très tendu par la guerre en Ukraine, la menace terroriste, la compétition stratégique entre grandes puissances dans l'espace et les fonds marins et le renforcement de la dissuasion nucléaire, qui rend les enjeux encore plus sensibles et les missions des armées encore plus nombreuses.
A cela s'ajoutent les risques d'un conflit majeur de haute intensité qui conduit à mener des entraînements à grande échelle comme récemment l'exercice Orion qui a engagé les forces terrestres, aérienne, la Marine et le Cyber.
"Il n'y a rien de trop", estime le ministre des Armées Sébastien Lecornu, qui défendra sa copie à 16 heures devant les députés.
Avec le chef de l'Etat, le chef d'Etat major des Armées et sous l'œil des commissions défense de l'Assemblée et du Sénat, le ministre des Armées a procédé à des choix drastiques pour dépenser utilement chaque euro. Dans un rapport, il a détaillé comment seront dépensés les 400 milliards qu'il demande avec 13,3 milliards supplémentaires de ressources extrabudgétaires pour atteindre les 413 milliards.
Cyber, spatial, forces spéciales et DGSE...
Détail d'importance, le soutien militaire à l'Ukraine n'est pas compris dans le budget des armées, mais le matériel prélevé sur les stocks devra être remplacé. Le montant sera-t-il à la hauteur des ambitions d'autant que l'inflation risque de l'amputer de 30 milliards selon des estimations?
- 56 milliards pour la dissuasion nucléaire
- 98 milliards (eu lieu de 87 milliards) pour les rémunérations
- 65 milliards pour l'entraînement des forces
- 5 milliards d’euros pour la défense sol air dont la lutte anti drone.
- 5 milliards d’euros pour les drones
- 13 milliards d’euros pour les Outre-mer.
- 2 milliards d’euros pour les forces spéciales.
- 5 milliards d’euros pour le renseignement principalement à la DGSE.
- 16 milliards d’euros pour reconstituer des stocks de munitions.
- 10 milliards d’euros pour l’innovation.
- 49 milliards d’euros (+40%) pour le maintien en condition opérationnelle MCO.
- 6 milliards d’euros dans le spatial.
- 4 milliards d’euros dans le cyber.
A cela, s'ajoute le renouvellement presque total de la flotte de la Marine nationale avec au cœur un nouveau porte-avions doté d'un premier budget de 5 milliards d'euros pris dans cette nouvelle LPM. L'armée de l'Air poursuivra sa modernisation avec l'avancée du programme "tout Rafale" qui s'étendra jusqu'en 2032 pour 42 avions de combat qui étaient prévues entre 2027 et 2030.
La modernisation de l'armée de l'Air avec le programme de combat collaboratif Scorpion constitué des blindés Serval, Griffon, Jaguar et Leclerc reste une priorité. Dans un amendement au projet de loi, le gouvernement prévoit d'ici 2030 d'avoir en parc 238 Jaguar contre 200 prévus et 1437 blindés Griffon contre 1345 prévus dans une première mouture du texte.
Fidéliser les troupes militaires et civiles
Mais le principal poste financier du budget des armées est destiné au personnel. Pour 2030, l'objectif du ministre des Armées est de s'appuyer sur un effectif de 355.000 personnes (275.000 militaires et civils et 80.000 réservistes opérationnels). Le ministère compte constituer une armée avec "un réserviste pour deux militaires d’active" à l’horizon 2035. Les forces terrestres ont déjà lancer un programme de recrutement pour passer de 10.000 à 15.000 soldats dotés de compétences cyber. Il faudra non seulement recruter ce personnel, le former et pour la plupart le loger, l'équiper et surtout l'inciter à rester.
"Une politique de rémunération ciblée (...) soutiendra la démarche. Les efforts visant à mieux prendre en compte les sujétions liées à l’état militaire, notamment en améliorant les conditions de vie en emprises militaires et les familles, seront intensifiés", a annoncé Sébastien Lecornu.
Une enveloppe de 750 millions d’euros sera dédiée au "Plan Famille II", conçu en associant les collectivités locales pour "mieux compenser les contraintes opérationnelles, accompagner la mobilité des militaires et à améliorer la vie quotidienne des familles".
Chaque année, cette LPM prévoit une hausse budgétaire de plus de 3 milliards d’euros pour atteindre 69 en 2030, soit le double de 2019. La France n'est pas seule à vouloir consacrer un important budget à la défense.
Elle devra atteindre à son terme 2% du PIB de la France selon les objectifs fixés par l'Otan à chacun des pays membre de l'alliance. 2022 aura été la 8e année consécutive de hausse à l'échelle mondiale avec un budget de 2240 milliards de dollars, soit 2,2% du PIB mondial selon le dernier rapport du Sipri. En Europe 480 milliards d'euros ont été consacrés aux armées en 2022, soit une hausse de 13% sur un an, la plus forte croissance depuis 30 ans.
