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Défense

Comment le cyber entre au coeur des armées et des services de renseignement

La LPM 2024-2030 met le cyber au cœur de la stratégie des armées et des services de renseignement

La LPM 2024-2030 met le cyber au cœur de la stratégie des armées et des services de renseignement - Damien MEYER

Le ministre des Armées met le cyber au coeur de la nouvelle loi de programmation militaire (LPM) avec un budget de 4 milliards d'euros, soit le triple de ce qu'il était jusqu'alors. Cet effort vise à la fois les armées et les services de renseignement.

La guerre se prépare avec des matériels, de l'armement, mais désormais avec des technologies sans lesquelles il serait difficile de prévoir, d'obtenir du renseignement et de prendre des décisions rapides et sûres.

Dans un entretien au JDD, le ministre des Armées Sébastien Lecornu, explique le choix de consacrer, avec la LPM 2024-2030 un budget inédit dans le cyber, non seulement pour les services de renseignement (DGSE, DRM et DRSD), mais aussi pour les armées de Terre, la Marine et celle de l'Air et de l'Espace.

"La nouvelle LPM propose de tripler l'effort consacré au cyber, qui atteindra près de 4 milliards d'euros", indique Sébastien Lecornu.

Ce budget permettra de poursuivre l'innovation pour les navire de guerre avec la cyber frégate de défense et d'intervention, les sous-marins, un futur porte-avions, le Scaf (système de combat aérien du futur) et les engins blindés du programme Scorpion conçus pour le combat collaboratif. Des équipements comme le Rafale ou le char Leclerc sont également en cours de modernisation pour entrer dans le cyber.

Robotique et intelligence artificielle

Une part sera également consacrée à la robotique et à l'intelligence artificielle en poursuivant le programme Vulcain, lancé en 2021. Ce projet expérimental étudie la collaboration homme-machine avec des robots terrestres et aéroterrestres.

"La robotique constitue un nouvel âge de l'histoire militaire comme l'ont été précédemment ceux de la poudre, de la mécanisation, de l'aviation, du nucléaire ou de la numérisation", explique le général Shill, chef d'Etat major de l'armée de Terre.

Le 10 mai, en collaboration avec la DGA (direction générale pour l'armement) se tiendra dans le camp militaire de Beynes une journée de démonstration de drones et de robots de combat de l'armée de Terre.

Les forces terrestres lancent un programme de recrutement pour passer de 10.000 à 15.000 soldats dotés de compétences cyber. Les forces armées disposent aussi de 400 cyber combattants au sein du commandement de la cyberdéfense (Comcyber) de Rennes.

"Sans oublier les réservistes, car la guerre en Ukraine nous apprend que les meilleurs experts dans le secteur privé de la tech peuvent revêtir l'uniforme", indique Sébastien Lecornu en signalant son souhait d'augmenter aussi le nombre réservistes dans le renseignement.

Des experts cyber à la DGSE

Des efforts importants seront consacrés aux services de renseignement pour poursuivre la révolution cyber. Le budget des trois services qui tourne autour de 500 millions d'euros par an, passera à 1 milliard par an avec la nouvelle LPM, "soit plus de 5 milliards d'euros sur la période 2024-2030 dont l'essentiel est fléché vers la DGSE", précise le ministre. Le construction des nouveaux locaux ultra modernes de Vincennes ne font pas partie de ce budget.

"Il nous faut des serveurs capables de générer de la data à très haut niveau, des ingénieurs pour les maintenir et des analystes capables de les exploiter", poursuit Sébastien Lecornu.

Le ministre compte recruter en nombre pour les services de renseignement dont les effectifs atteindront 10.000 personnes d'ici à 2030.

"Plus de 1000 emplois à plein temps seront créés par rapport à 2017, dont plus de 600 grâce à la nouvelle LPM".

Sur son site, la DGSE recherche déjà de nombreux experts dont des spécialistes en ressources humaines spécialisés dans la cyberdéfense. Là encore, le ministère des Armées compte attirer des experts issus du privé dans les rangs de ses réservistes.

Pascal Samama
https://twitter.com/PascalSamama Pascal Samama Journaliste BFM Éco