Défense: l'inflation coûtera 30 milliards sur les 413 milliards d'euros de la LPM 2024-2030

Emmanuel Macron avec Sébastien Lecornu, ministre des Armées et le général Burkhard, chef d'état major des Armées, sur le porte-avions Charles de Gaulle en décembre dernier. - Ludovic MARIN
Une question posée au ministre des Armées par Cédric Perrin, sénateur (LR) du Territoire de Belfort, le 28 février lors d'une audition au sénat laisse envisager une LPM 2024-2030 moins généreuse que prévu. Le montant de 413 milliards d'euros serait grignoté de plus de 7% à cause de l'inflation, soit 30 milliards d'euros.
"L'impact de l'inflation serait de 30 milliards d'euros sur les 400 plus 13 milliards proposés en LPM", a fait remarquer Cédric Perrin en rappelant que "les hausses de prix propres au secteur de la défense sont généralement supérieures à l'inflation".
Le ministre a confirmé le montant précisant que l'inflation touche l'ensemble des secteurs, pas seulement celui de la défense.
"J'ai pris les prévisions de Bercy pour bâtir cette LPM. Globalement, le chiffre de 30 milliards est assez conforme", a répondu le ministre.
Sébastien Lecornu précise toutefois que les critères pris en compte pour bâtir la LPM étaient les plus "pessimistes".
"J'ai bon espoir, ce n'est pas un pari, qu'on a des renversements de tendances sur l'inflation dans les 5 ans qui viennent", ajoute le ministre.
Grandes ambitions
Avec 30 milliards de moins, la LPM sera-t-elle à la hauteur des ambitions nécessaires pour la transformation des forces armées. Il est prévu de consacrer 5 milliards pour "rattraper le retard inacceptable sur les drones", 10 milliards pour les programmes d'innovation de la DGA contre 1 milliard auparavant et 49 milliards pour l'entretien programmé des matériels. La défense sol-air bénéficiera d'une augmentation de moyens de 50%.
Quant aux trois services de renseignement (DGSE, DRM et DRSD), le budget sera en augmentation de 60%, a dévoilé le ministre en précisant que cette hausse ne comprend pas les nouveaux locaux de la DGSE qui quittera le boulevard Mortier pour le fort de Vincennes en 2028. Ce déménagement et les travaux -qui débuteront en 2024- représentent un budget de 1,3 milliard d'euros.
Une "finance patriotique"
La LPM doit aussi permettre d'apporter de nouveaux moyens pour le spatial et le cyber, Sébastien Lecornu soulève des pistes de financement complémentaires aux budgets publics. Pour innover, il faut "mélanger l'argent public et l'argent privé".
Non seulement les grands industriels de la BITD doivent non seulement produire plus, plus vite, et moins cher, mais aussi "prendre d'avantage de risques". Les organismes de financement doivent aussi faire un effort en se montrant moins frileux quand il s'agit d'industrie militaire.
"Je fais appel à une forme de finance patriotique. Quand je vois le nombre de PME de la BITD qui se font rejeter leur demande de financement bancaire uniquement parce que c'est de l'armement, on a quelque chose à faire monter dans le débat public. On a trop de refus".
Les fonds d'investissement ont également un rôle majeur. Le ministère des Armées dispose de Definfest (BPI) et le Fond Innovation Défense qui disposent ensemble d'une capacité de 400 millions d'euros. Mais les initiatives privées se développent.
En février, Weinberg Capital Partners a lancé Eiréné, un fonds de 100 millions d'euros pour investir dans les PME et les ETI de la défense, de la sécurité civile et le cyber. Il rejoint Expansion, un autre fonds d'investissement dans l'aéronautique, le spatial et la défense créée en avril 2022 par Charles Beigbeder et François Chopard.
