Bouclier aérien: l'Autriche rejoint l'Allemagne en misant sur des systèmes américains et israéliens

Le président français Emmanuel Macron et le chancelier allemand Olaf Scholz (D), le 6 décembre 2022, à Tirana en Albanie - Ludovic MARIN © 2019 AFP
La défense aérienne de l'Europe avance en ordre dispersé. En marge du salon aéronautique du Bourget, une conférence s'est tenue à Paris pour organiser une stratégie commune entre les membres de l'UE. En parallèle, l'Allemagne rassemble un pays supplémentaire, l'Autriche, dans l’European Sky Shield Initiative (Essi).
Ce programme lancé par le chancelier allemand Olaf Scholz en octobre 2022 comprend déjà 17 pays dont le Royaume-Uni, les pays baltes ou encore la Belgique, les Pays-Bas, la Finlande, la Norvège, ainsi que la Suède, candidate à l'entrée dans l'Otan. Avec l'Autriche, pays neutre, il rassemblera 18 pays. Peut-être même 19 avec la Suisse qui pourrait signer vendredi une déclaration d'intention pour rejoindre l'Essi.
"Nous devons et allons prendre des précautions pour protéger notre pays contre le risque d'attaques de drones ou de missiles", a déclaré le chef du gouvernement Karl Nehammer, invoquant "une menace qui s'est considérablement aggravée".
Avec la Pologne et l'Italie, la France a décidé de ne pas en faire partie. Pour Paris, c'est une question de souveraineté européenne. Paradoxalement, l'Essi repose sur des systèmes d'armement américain et israélien moyenne et longue portée avec le Patriot PAC-3 et l'Arrow 3 dont le contrat est évalué à 4 milliards d'euros. Pour la courte portée, ce programme repose sur l'Iris-T de l'allemand Diehl BGT Defence qui devrait équiper les pays partenaires de l'Essi.
Coup de pression allemand
Le système moyenne portée franco-italien Mamba n'a pas été définitivement écarté, mais Berlin met la pression pour inciter la France à ne pas faire cavalier seul. "Il est toujours possible de se joindre au projet, mais il faut faire vite", a lancé une source allemande. Pour Paris, le compte n'y est pas.
"Les Allemands ont proposé une entente industrielle, nous, on propose une initiative stratégique: avoir une capacité à faire une défense européenne, souveraine, avec des équipements européens", a expliqué au Monde une source diplomatique française.
La France n'abandonne pas sa volonté de défense européenne et souveraine. Lors de la conférence qui s'est tenue à Paris, un accord a été signé avec l'Estonie, la Hongrie, la Belgique et Chypre pour acheter un ensemble de 700 missiles sol-air de courte portée Mistral du groupe européen MBDA, a annoncé lundi le président français Emmanuel Macron.
Ce contrat se fait dans le cadre du dispositif européen EDIRPA (European defence industry reinforcement through common procurement act) qui avance sans l'Allemagne. Cet outil européen envisageait au départ un budget de 500 millions d'euros pour deux ans (2023-2024). En juin, l'EDIRPA a été adopté en ramenant l'enveloppe à 300 millions d'euros, un montant déjà jugé insuffisant par les industriels concernés.
