"12 milliards d'euros en 2025": avant les annonces du 14-Juillet, le ministre des Armées assure que la France rattrape son retard dans les commandes d'armes

Le futur Rafale et son drone accompagnateur. - Minarm
Plus d'équipements et davantage de budget? Le ministre des Armées Sébastien Lecornu a esquissé mardi les contours d'une "mise à jour" de la Loi de programmation militaire (LPM), évoquant l'accélération de la livraison de certains équipements, voire un effort budgétaire supplémentaire.
Cette "mise à jour de la programmation militaire actuelle pourrait par exemple passer -en tout cas ça fait partie des objets de travail que nous avons - par des surmarches" budgétaires, a affirmé le ministre devant les sénateurs de la commission de la Défense.
Le président Emmanuel Macron "aura l'occasion de prendre la parole, justement sur la suite en matière d'efforts de défense" lors de sa traditionnelle allocution aux armées à la veille du 14-Juillet, selon lui.
La LPM 2024-2030 prévoit actuellement 413 milliards d'euros pour les armées, avec un budget progressant de plus de trois milliards d'euros chaque année, pour répondre aux besoins croissants imposés par la multiplication des tensions internationales.
"Nous travaillons actuellement à des scénarios pour améliorer cette programmation militaire" dont "les modalités de mise à jour" ne sont "pas arrêtées", notamment "la nature même de l'effort budgétaire" dans un contexte de finances publiques exsangues, a-t-il convenu.
Les "grandes orientations" de la LPM ne sont selon lui pas remises en cause par l'amoncellement des crises et conflits dans le monde, en premier lieu en Ukraine, ou par les doutes sur la solidité de l'engagement américain en Europe sous la présidence de Donald Trump.
La défense sol-air a des "fragilités"
"Pour la première fois, va se poser la question telle qu'elle ne s'était pas posée jusqu'à présent depuis la fin de la Guerre froide: est-ce qu'il faut augmenter le format de nos armées?", a-t-il toutefois indiqué.
Il va falloir selon lui "hâter la reconstitution de nos stocks de munitions". La LPM prévoit déjà d'y consacrer 16 milliards d'euros.
Le ministre envisage également d'anticiper certaines livraisons prévues pour l'horizon 2030 ou 2035. Le système de défense sol-air SAMP/T de nouvelle génération, "dont on attend beaucoup", prévoit par exemple un inventaire de huit batteries en 2030, 12 en 2035.
Or la défense sol-air fait partie des "fragilités" qu'il faut, selon Sébastien Lecornu, "corriger" rapidement, tout comme les moyens de guerre électronique (brouillage, leurrage), domaine dans lequel "il faut accélérer", ou encore le spatial, où l'Europe est en risque de "décrocher".
Ces derniers mois, Sébastien Lecornu avait par ailleurs évoqué un besoin de trois frégates et de 30 avions de combat Rafale supplémentaires.
Pression industrielle… et à l'export
Au sujet des commandes attendues par les industriels, le ministre des Armées indique que "l'ensemble des retards du premier semestre ont été rattrapés". Il précise que la Direction générale de l'armement a engagé pour 4 milliards d'euros de prises de commandes à la fin juin, sans toutefois donner le détail des équipements concernés.
"Les commandes passées dans le cadre de la LPM ont donné lieu à 12 milliards d'euros de paiements en 2025, contre 10,3 en 2024 à la même date. Cela fait deux milliards de plus pour les industries de défense."
Les enjeux actuels portent sur la chaîne d'approvisionnement et les sous-traitants du secteur, qui doivent pouvoir honorer les commandes passées par les grands donneurs d'ordres – qui ont eux moins de difficultés à absorber les hausses. Sébastien Lecornu affirme avoir lancé des discussions avec les grands industriels du secteur à ce sujet.
Il évoque par ailleurs les contraintes que représente l'export à ce sujet: "la pression à l'export va monter", que ce soit pour fournir les équipements en temps et en heure, mais aussi pour assurer leur maintenance. D'autres thématiques émergent dans les négociations menant à des contrats d'armement, comme la production sous licence ou les contreparties industrielles.