En difficultés financières, Casino va céder plus de magasins que prévu à Intermarché

En difficultés financières Casino a annoncé vendredi qu'il allait céder un certain nombre de magasins, plus que prévu initialement, au groupement Intermarché, troisième acteur de la distribution alimentaire en France.

Casino continue de chercher des solutions pour sortir de sa situation financière très compliquée. Vendredi, le groupe présidé par Jean-Charles Naouri a officialisé l'ouverture d'une procédure de conciliation afin de trouver un accord avec ses créanciers pour restructurer sa dette.

Et, en parallèle, Casino a annoncé qu'il allait céder un certain nombre de magasins, plus que prévu, au groupement Intermarché, troisième acteur de la distribution alimentaire en France. Le nombre ainsi que le type (supermarchés, hypermarchés, magasins de proximité) de magasins concernés doivent encore être précisés.

Signature d'un "protocole d'intentions"

Les deux distributeurs se connaissent déjà bien, puisqu'ils sont liés par une centrale d'achats commune. Une source proche du dossier souligne d'ailleurs la "confiance" et "l'estime" de Casino envers Intermarché. Ce vendredi, ils vont donc un peu plus loin dans cette relation, avec l'annonce de la signature d'un "protocole d'intentions", "pour étendre le champ de leurs partenariats et optimiser leurs réseaux respectifs".

D'une part, ils renforcent leur alliance sur les achats et ils l'étendent aux marques distributeur ainsi qu'aux produits marée et boucherie du Groupement Les Mousquetaires. D'autre part, il est prévu que la maison-mère d'Intermarché rachète un certain nombre de magasins Casino, davantage que ce qui était envisagé. Les premières cessions "auront lieu d'ici la fin de cette année", selon Casino.

Le tout représente environ 1 milliard d'euros de chiffre d'affaires, avec la possibilité pour Intermarché d'en acquérir encore par la suite, pour une valeur de près de 500 millions d'euros. Casino précise qu’"à la signature des accords engageants, le groupement Les Mousquetaires verserait à Casino un premier paiement forfaitaire de 100 millions d'euros, qui serait déduit du prix définitif calculé sur la valeur de marché des actifs".

Deux projets de reprise tiennent la corde

Pour Intermarché, c'est une façon, nous dit-on, de "sécuriser" l'achat de ces magasins dès à présent. C'est aussi de l'argent frais qui arrive dès maintenant pour Casino, ce qui n'est pas négligeable, en amont du tour de table qui s'ouvre avec les créanciers de Casino.

En parallèle de cette annonce ce matin, Casino, endetté à hauteur de 6,4 milliards d'euros à fin 2022 dont 4,5 sur son activité en France, a en effet confirmé l'ouverture d'une procédure de conciliation , sous l'égide du tribunal de commerce de Paris. Les discussions entre Jean-Charles Naouri et ses créanciers doivent durer environ quatre mois.

Plusieurs projets de reprise ont été déposés. Un projet qualifié de plus "financier", porté par le milliardaire tchèque Daniel Kretinsky. Et un plus "industriel", présenté par le groupe Teract, dirigé par Moez-Alexandre Zouari, associé à Xavier Niel et Matthieu Pigasse. Fin avril, Intermarché s'est allié à cette offre. Teract, Intermarché et Casino sont d'ailleurs en période de négociations exclusives.

Le dossier Casino, "c'est Dallas"

Dans son communiqué de vendredi matin, Casino estime que le protocole d'intentions signé avec Intermarché pour la cession des magasins est "compatible avec les discussions actuellement en cours avec Teract sur le projet initié il y a quelques mois, ainsi qu'avec toutes les opérations capitalistiques complémentaires de nature à renforcer les fonds propres du Groupe Casino".

Il a toujours été dit que le but était "de faire converger des offres", rappelle une source proche de Jean-Charles Naouri. Du côté de chez Intermarché, on se borne à renvoyer à ce qui est écrit dans le communiqué de Casino. La question est de savoir maintenant si l'alliance entre Intermarché et Teract est intacte, ou si Thierry Cotillard, à la tête des Mousquetaires, a décidé de faire cavalier seul.

Ce dossier, "c'est Dallas", nous disait récemment un des acteurs du feuilleton. Les personnages principaux sont encore tous autour de la table. Mais comme dans tout processus de négociation, il n'est pas gravé dans le marbre que tous ceux qui sont là aujourd'hui le seront encore demain.

https://twitter.com/PascalSamama Pascal Samama Journaliste BFM Éco