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Relance de Casino: Daniel Kretinsky devra sûrement remettre au pot

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Moins d'un an après la reprise du distributeur par le consortium mené par l'homme d'affaires, la relance est plus douloureuse que prévu, si bien qu'il pourrait être contraint de recapitaliser, à hauteur de plusieurs centaines de millions d'euros.

"Le chemin sera encore long avec des moments difficiles", prédisait il y a seulement dix mois le milliardaire Daniel Kretinsky, en recevant le feu vert du tribunal de commerce pour le plan de sauvegarde accéléré de Casino. Il semble que cela soit plus douloureux que prévu.

Les enseignes du groupe Casino ne représentent plus que 3,1% des parts de marché en France, en baisse de 0,2 point sur un mois, d'après le dernier panel Kantar Worldpanel 2024, publié mardi. "Les résultats sont en-deça des attentes en terme de trajectoire financière, notamment parce que les enseignes de Casino vendent toujours à des niveaux de prix élevés et la conjoncture n'aide pas", analyse un spécialiste du secteur.

"Les dirigeants ont trouvé des magasins qui nécessitent plus d'investissements qu'anticipé et l'effet net des cessions de supermarchés et d'hypermarchés à la concurrence est probablement moins élevé qu'attendu."

L'équipe du directeur général de Casino, Philippe Palazzi, mise sur des effets à plus long terme du plan stratégique, présenté mi-novembre. Il vise à faire de Casino le champion de la proximité, autour de ses marques, Monoprix, Franprix, Naturalia, Cdiscount et de ses enseignes d'ultra-proximité (Vival, Spar, Sherpa, Petit Casino).

Mais "même si le groupe parvenait à réaliser [ce plan], il resterait trop endetté", assure dans une récente note un analyste d'Oddo BHF, qui estime qu'"une nouvelle restructuration et/ou une augmentation de capital seront nécessaires". Pour Clément Genelot, vice-président equity research chez Bryan Garnier&Co, il faudra même renégocier avec les banques et les créanciers dès fin 2025.

Vers de nouvelles cessions?

La situation du groupe Casino est telle que certains s'interrogent même sur la volonté de l'actionnaire majoritaire de rester. Interrogé par BFM Business, Daniel Kretinsky ne commente pas, mais différentes sources proches du dossier assurent qu'il n'est absolument pas question qu'il s'en aille.

En investissant dans Casino, "il se doutait bien que ça allait prendre du temps", précise l'une de ces sources.

"Il est très détendu sur le sujet", ajoute une autre source, qui valide l'hypothèse d'une nouvelle injection de fonds, à hauteur de 200 à 300 millions d'euros, et qui ouvre aussi la porte à de nouvelles cessions.

Dans le secteur, les hypothèses fusent et les concurrents sont à l'affût. "Tout le monde sait que cela ne va pas", commente une source chez un autre distributeur, qui mise sur "une nouvelle vente des enseignes d'ultra-proximité comme Vival, Sherpa et Petit Casino, avec Carrefour en embuscade".

Casino maintient son cap

Contactée par BFM Business, la direction de Carrefour ne commente pas. Selon nos informations, elle a en effet regardé ce dossier, il y a un an, mais il a été refermé. D'après un autre bon connaisseur du secteur, "Carrefour est surtout interessé par Monoprix". Le cas de Cdiscount, aussi, pose question. "Casino n'a aucun intérêt à le garder", avance un analyste.

Mi-novembre, en présentant son plan stratégique, le directeur général du groupe Casino a assuré qu'il englobait toutes ses marques, sans exception. Une source proche du dossier répète à BFM Business qu'il n'y a aucune recapitalisation prévue à ce jour, qu'il faut attendre de voir "comment le groupe redécolle et à quelle vitesse" et qu'il est encore moins question de céder des activités.

Contacté, Casino ne fait aucun comentaire. Selon nos informations, il cherche bien à vendre ses parts dans le brésilien GPA, ce qui lui permettra, déjà, de faire rentrer de l'argent, comme il l'a fait ces derniers temps en cédant pour plusieurs dizaines de millions d'euros d'actifs immobiliers.

Pauline Tattevin