À la relance après sa restructuration, Casino mise tout sur la proximité

Le rendez-vous est attendu depuis plusieurs mois. Après avoir restructuré sa dette, s'être délesté de 449 magasins et avoir négocié un plan de sauvetage et un plan de sauvegarde de l'emploi, Philippe Palazzi, directeur général de Casino dévoile ce jeudi, à Paris, son plan stratégique aux investisseurs. Son nom: "Renouveau 2028".
La primeur avait déjà été donnée hier aux représentants des enseignes, qui constituent désormais le groupe: Monoprix, Franprix, Cdiscount, mais aussi Vival, Spar et Petit Casino. Près de 8.000 points de vente, en tout, dont 83% de franchisés.
La direction veut "pousser à fond le concept de proximité et capitaliser sur ses marques", nous expliquait une source en interne.
Une stratégie confirmée ce matin. "On doit accélérer leur réussite, redéfinir la politique tarifaire, mieux les impliquer dans le développement de nos concepts", explique Philippe Palazzi.
1,2 milliard d'euros sur cinq ans
Ces derniers mois, les nouveaux dirigeants ont déjà lancé des chantiers de modernisation et enclenché des baisses de prix. Le nouveau concept de Franprix, baptisé "Oxygène" et testé dans cinq points de vente depuis juin, fait ses preuves, avec des ventes en hausse de 25% en moyenne. Il doit être déployé dans une centaine de magasins d'ici fin 2025. "On va créer des premiers prix, coeur de gamme, offre gourmets et bio", explique aussi Philippe Palazzi.
Pour "remettre à niveau" la totalité de ses magasins, Casino a annoncé en mars dernier qu'il prévoyait d'investir 1,2 milliard d'euros sur cinq ans, dont la moitié ira à Monoprix, l'une des locomotives du groupe.
Le groupe compte aussi sur ses franchisés pour prendre en charge une partie des coûts, une somme qui s'ajoutera au 1,2 milliard d'euros. Sans oublier de s'appuyer bien sûr sur son actionnaire, le milliardaire Daniel Kretinsky, dont on nous assure qu'il "est plus sur le développement que sur la réduction".
Si en 2024, une centaine de magasins Franprix non rentables aura en tout fermé, l'idée est d'intégrer de nouveau franchisés et d'ouvrir plusieurs centaines de magasins sur la durée du plan.
"On s'inscrit dans le temps long", résume Philippe Palazzi.
Une stratégie de groupe déclinée par marque
Pas question, donc, nous dit un bon connaisseur de l'entreprise, "contrairement à certaines rumeurs", de céder Cdiscount ou les enseignes d'"ultra proximité" comme Vival, Spar ou les Petit Casino.
Casino compte plutôt capitaliser sur ces enseignes bien connues du grand public. "On va garder un parc de magasins intégrés par marques, ce qui nous permet de faire des tests de concepts et aussi de proposer ces magasins à nos franchisés à l’avenir', détaille Philippe Palazzi.
A côté, des économies pourront être réalisées via par exemple un partage de logistique entre les différentes marques ou une optimisation des coûts d'exploitation des sièges. Sur la durée du plan, "600 millions d’euros d’économies" seront réalisés, dont "350 millions d’euros sont déjà confirmés".
"C’est la première fois qu’on a une stratégie de groupe, qui est le socle commun et on décline par marques", poursuite le directeur général.
En 2028, l'objectif est de réaliser 15 milliards d'euros de volume d'affaires.