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À cause du changement climatique, certains territoires "risquent de devenir inassurables"

Les pompiers français marchent dans une rue inondée lors d'une opération de sauvetage à Isques, près de Boulogne-sur-Mer, dans le nord de la France, le 7 novembre 2023 (photo d'illustration).

Les pompiers français marchent dans une rue inondée lors d'une opération de sauvetage à Isques, près de Boulogne-sur-Mer, dans le nord de la France, le 7 novembre 2023 (photo d'illustration). - DENIS CHARLET / AFP

Une filiale de la Caisse des dépôts prévient que l'inassurabilité de certains territoires risque de peser fortement sur les entreprises et les particuliers.

Certains territoires français exposés aux catastrophes naturelles risquent de ne plus pouvoir être assurés, en raison principalement du changement climatique, alerte jeudi 16 octobre la SCET, une filiale de la Caisse des dépôts (CDC) spécialisée dans le conseil aux collectivités.

Des territoires, pas situés uniquement sur le littoral, "risquent de devenir inassurables, et les entreprises et particuliers présents sur ces territoires en ressentiront les effets au même titre que les collectivités", prévient la SCET dans un livre blanc baptisé "L'assurabilité des territoires, une affaire d'État".

La SCET y détaille le marché qu'elle connaît bien: celui des assurances des collectivités locales, mis à mal depuis deux ans et demi par les conséquences du réchauffement climatique et par des épisodes de violence urbaine. Les deux seuls acteurs présents sur ce marché sont Groupama et la Smacl, filiale de l'assureur mutualiste MAIF, qui a frôlé la faillite fin 2023.

5.100 communes fortement exposées

La SCET fait état depuis cette période d'une "hausse marquée des primes d'assurance (multipliées par 2 à 4 selon les communes), souvent accompagnée d'une baisse des garanties", de "résiliations unilatérales de contrats" par les assureurs, "parfois sans justification et avec des délais de préavis insuffisants", ainsi que d'une "impossibilité" pour certaines communes de trouver un nouvel assureur, "en raison de l'absence de réponse aux appels d'offres".

Par ailleurs, la filiale de la CDC estime qu'aujourd'hui 5.100 communes "cumulent (une) forte exposition à la hausse des risques climatiques" et une situation financière tendue. Pour limiter cette "double peine", la SCET rappelle l'importance de la prévention des risques et prône entre autres le recours à la création de "captives d'assurances" locales ou régionales, un système d'autoassurance qui ouvrirait aux collectivités la possibilité de mettre des fonds de côté pour indemniser de futurs sinistres, et un meilleur encadrement du marché par la puissance publique.

Le gouvernement s'était emparé du sujet et, après un rapport publié en 2024 sur l'assurabilité des collectivités, avait annoncé en avril 2025 le lancement d'"une cellule d'accompagnement des collectivités" chapeautée par le médiateur des assurances. Le coût des événements climatiques en France a atteint cinq milliards d'euros pour les assureurs en 2024, moins que la moyenne 2020-2024 (5,6 milliards), mais beaucoup plus que la moyenne des années 1982-1989 (1,5 milliard).

P.La. avec AFP