"Danger imminent": le coût du changement climatique pourrait peser jusqu'à 5% du PIB de la zone euro d'ici 2030

Sécheresses, incendies, inondations, tempêtes: à ce rythme, les catastrophes climatiques pourraient coûter jusqu'à 5 % du PIB de la zone euro d'ici 2030, alerte la BCE dans une note de blog publiée mardi. Un tel choc viendrait rogner les prévisions de croissance du Fonds monétaire international (FMI) pour la région économique, qui servent aujourd'hui de scénario de référence, précise l'institution de Francfort.
La Commission européenne estime déjà que les sécheresses en Europe entraînent des pertes de 9 milliards d'euros chaque année, soit près de 5 % du budget annuel de l'UE pour 2024 – et ces pertes ne devraient qu'augmenter dans un avenir proche
"Le changement climatique n'est plus 'la tragédie de l'horizon', comme l'a formulé Mark Carney, mais un danger imminent", insistent les auteurs de cette note.
Pour parvenir à cette estimation, la BCE s'est appuyée sur plusieurs scénarios, du pire au plus favorable, émis par le réseau NGFS - une coalition de plus de 140 banques centrales et régulateurs qui travaillent à verdir la finance. Ces projections ne sont pas des prévisions à proprement parler : elles imaginent des chocs extrêmes, censés survenir statistiquement une fois tous les cinquante ans, pour sensibiliser décideurs publics et privés à l'impact économique potentiel du dérèglement climatique.
Temporiser coûtera plus cher
Davantage que les simulations de long terme uniquement disponibles auparavant, à l'horizon 2050, ces nouveaux scénarios, limités à l'horizon 2030, visent à secouer les consciences dès maintenant. Et pour cause : le pire scénario - baptisé "Disasters and Policy Stagnation" (Catastrophes et inertie politique) - cumule vagues de chaleur extrême, sécheresses et incendies dès 2026, puis inondations et tempêtes l'année suivante. À la clé : une baisse de productivité due aux fortes chaleurs, des destructions massives d'infrastructures - usines, routes, ponts etc. -, une inflation accrue et un coût du crédit plus élevé pour les secteurs les plus exposés.
À l'inverse, un scénario optimiste (baptisé "l'autoroute vers Paris") suppose une transition rapide et coordonnée vers la neutralité carbone, en ligne avec l'accord de Paris de 2015. Grâce à des investissements massifs dans les technologies vertes, la croissance pourrait même être légèrement dopée et l'inflation contenue estime la BCE. Au contraire, retarder la transition de trois ans entraînerait des pertes de production dans la zone euro et des pressions inflationnistes accrues. En clair, temporiser et reporter la mise en oeuvre du Pacte vert coûtera plus cher selon les prévisions de la BCE.
Créé en 2017 après la COP21, le NGFS fédère la BCE, la Banque d'Angleterre ou encore la Banque du Japon autour d'un objectif : intégrer les risques climatiques dans la régulation financière. Les nouvelles données devraient désormais alimenter les futurs tests de résistance climatique opérés par la BCE auprès des plus grandes banques.