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"50, 60, 70h par semaine…": dans cette entreprise, un "référendum" pour ne plus travailler sans limite

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Dans le cabinet d'audit EY, quatre syndicats ont décidé d'organiser un référendum auprès des salariés afin de réintroduire une limite de 48 heures de travail par semaine.

Un temps de travail… sans limite hebdomadaire. Dans le cabinet d'audit EY, les semaines des salariés peuvent s'étirer à l'infini. "En période de forte activité, les semaines de certains dépassent 50, 60 voir 70 heures de travail", témoigne Marc Verret, délégué syndical CGT.

Depuis un accord signé en 2021, la limite de 48 heures de travail hebdomadaire a sauté pour les salariés au forfait jour de la branche audit, soit environ la moitié de la masse salariale, selon Marc Verret. En effet, depuis la Loi Travail (2016) et les ordonnances Macron (2017) les accords d’entreprises peuvent déroger aux conventions collectives, même en cas de conditions moins favorables.

Aujourd'hui, quatre syndicats (CFDT, CGT, CFTC et FO) veulent revenir aux 48 heures maximum, mais ils n'ont pas le soutien de la CFE-CGC, pourtant nécessaire pour annuler l'accord.

Ils ont donc décidé d'organiser un "référendum" sur le temps de travail auprès des salariés du 14 au 21 avril.

"Nous savons qu'un tel référendum n'aurait pas de valeur juridique mais notre but est de faire bouger les lignes", explique le syndicaliste.

"Épidémie de burn-out"

Les syndicats assurent observer de graves conséquences de ce temps de travail illimité sur la santé des salariés. Dans un communiqué commun (CFDT, CGT, CFTC et FO), ils pointent "l’explosion des arrêts maladie et l’épidémie de burn-out".

Selon la CGT, les arrêts maladie longs ont particulièrement augmenté: +64% du nombre de jours d'arrêt maladie parmi ceux de plus d'une semaine entre 2017 et 2022. Il reconnaît néanmoins que le taux d'absentéisme (autour de 5%) reste faible.

Mais selon Marc Verret, il faut aussi regarder la partie immergée de l'iceberg. "Les salariés témoignent de tout un tas de pathologies pour lesquelles ils ne demandent pas d'arrêt de travail: anxiété, eczema, problèmes de sommeil, crises d'angoisse, pensées suicidaires…", liste le syndicaliste.

"Des mesures d'équilibre"

De son côté, la direction d'EY n'a pas l'intention de revenir sur l'accord de 2021. Elle tient à rappeler qu'il a été signé "à l’issue d’un processus de négociations avec les organisations syndicales".

"Cet accord est conforme au droit du travail et comporte des mesures d’équilibre, toutes mises en place depuis 2021", assure l'entreprise à BFM Business.

Les salariés auront la possibilité de participer à ce référendum via une plateforme dédiée et grâce à un code individuel qui sera envoyé à chacun, afin de garantir la sincérité du processus.

Marine Cardot