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Malgré un départ plus précoce, les ouvriers passent 2 années de moins à la retraite que les cadres

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Selon une étude de l'Ined, l'espérance de vie des cadres dépasse celle des ouvriers de 5 ans et 8 mois chez les hommes.

Un des arguments mis en avant par les opposants à la réforme des retraites est l'inégalité sociale face à la mort. Traduction: en allongeant la durée de travail des ouvriers par exemple, la réforme leurs retire les deux premières et meilleures années de retraite alors que leur espérance de vie moyenne est inférieure à celle du reste de la population.

Ce constat se vérifie dans les chiffres selon une étude de l'Ined, l’Institut national d’études démographiques, un organisme public de recherche spécialisé dans l’étude des populations.

Un différentiel plus marqué chez les hommes que chez les femmes

Pour résumer, si les ouvriers partent en moyenne plus tôt à la retraite que les cadres, leur moindre espérance de vie fait que leur retraite est moins longue, une situation qui peut dans certains cas être aggravée par la réforme.

"En 2018, l’espérance de vie à 35 ans des individus nés en France est de 46 ans et 5 mois pour les hommes et de 51 ans et 7 mois pour les femmes. Celle des cadres dépasse celle des ouvriers de 5 ans et 8 mois chez les hommes et de 3 ans et 5 mois chez les femmes" peut-on lire.

Ainsi, 96% des hommes cadres de 35 ans peuvent espérer atteindre 62 ans (âge légal du départ à la retraite avant la réforme) contre seulement 89% parmi les ouvriers. Ces chiffres sont respectivement de 97% et 94% chez les femmes, précise l'Ined.

21 années de retraite pour les cadres contre 19 pour les ouvriers

Conséquence, "en dépit d’un départ à la retraite à un âge plus jeune que les cadres, les ouvriers y passent deux années de moins".

Ainsi, les hommes cadres passent en moyenne 21,1 années en retraite contre 21,5 pour les employés mais 19,1 pour les ouvriers. Chez les femmes, les cadres bénéficient de 24,2 années de retraite contre 23,6 pour les ouvrières.

"Les CSP (catégories socio-professionnelles) se distinguent dans les chances d’atteindre les âges élevés du fait d’une mortalité prématurée qui les touche différemment", résume l'étude.

A l'orée de la retraite, l'inactivité touche avant tout les ouvriers

L'Ined revient également sur l'activité des travailleurs au moment de prendre leur retraite. Il confirme qu'"une partie non négligeable d’entre eux sont au chômage ou inactifs". Encore une fois, les CSP les plus basses sont les plus touchées.

"Au cours des années à vivre avant l’âge légal de départ à la retraite, le chômage ou l’inactivité sont nettement plus fréquents pour les ouvriers que pour les cadres, qui sont davantage en emploi", affirme l'Ined.

En moyenne, les ouvriers passent 3,4 années de plus au chômage ou en inactivité. A l'inverse, "entre 60 et 61 ans, juste avant l’âge légal de 62 ans pour la période étudiée, les hommes cadres passent près d’un an et demi en activité, c’est trois fois plus que les ouvriers".

Enfin, quid des différences femmes/hommes? Selon l'Ined, l’espérance de vie en retraite des femmes est de 3 à 4 ans supérieure à celles des hommes de catégorie sociale similaire. Cependant elles connaissent plus d’années en inactivité qu’eux.

Olivier Chicheportiche Journaliste BFM Business