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EDITO. Mais où sont donc les 30 milliards d'économies?

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L'EDITO DE RAPHAËL LEGENDRE. L’examen du projet de loi de finances a repris au Sénat. La ministre du Budget, Amélie de Montchalin, promet “un effort historique de baisse des dépenses publiques”. A quoi faut-il s’attendre?

"Un effort historique”, "la plus forte baisse depuis un quart de siècle"... La communication gouvernementale est très offensive depuis le début de semaine sur la réduction des dépenses.

Pourtant, on a beau chercher, on a toujours du mal à trouver trace concrète de ces économies. Tout ce que l’on sait, c’est que pour arriver à 5,4 % de déficit en 2025, objectif inscrit mardi par François Bayrou dans le marbre de son discours de politique générale, il va falloir trouver une trentaine de milliards d’euros d’économies. La répartition se ferait comme-ci: 23 milliards sur l'Etat, 5 milliards sur Sécurité sociale et 2 milliards sur les collectivités locales.

Combien d'économies?

La ministre des Comptes publics, Amélie de Montchalin, donne un peu plus de détails dans Le Figaro ce jeudi en avançant une réduction en valeur de 10 milliards des dépenses sur l’Etat grâce à un coup de rabot de 5% sur les agences de l’Etat (3 milliards) et des économies réalisés en janvier et février grâce à la loi spéciale et le régime des services votés 2 milliardss)... Ce qui fait 5, mais pas 10 milliards. Et encore moins 23 milliards.

Par contre, il y a un sujet sur lequel on y voit clair, c'est le montant des renoncements aux efforts prévus dans le budget Barnier.

On devait faire 15 milliards d’économies sur la Sécu, on en fera trois fois moins. Le milliard d’économies sur les médicaments et les consultations: supprimé. L’effort sur l’ONDAM: supprimé. Sur l'Etat et ses fonctionnaires? La suppression de 4.000 postes de professeurs: supprimée. Les trois jours de carence: supprimés.

Après que leurs dépenses aient bondi de plus de 60 milliards depuis le Covid, 5 milliards d'économies étaient prévus sur les collectivités locales François Bayrou a expliqué au Sénat combien il était indispensable de réduire cet effort pour maintenir l’investissement public. Ce sera moitié moins au final (2,2 milliards).

Les Experts : Budget, vers une réforme fiscale en France ? - 08/01
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Double discours

Alors pourquoi ce double discours? La réponse est à chercher du côté du Bruxelles. La semaine prochaine s'y tiendra un Ecofin important durant lequel la France va défendre sa nouvelle trajectoire budgétaire avec une aggravation du déficit à 5,4% (on avait promis 5% lors de la dernière négociation à l'été 2024).

Entonner dès à présent la symphonie de la rigueur auprès de nos voisins européens ne peut qu'aider à faire passer la pilule... Quitte à ce qu'elle soit jouée au pipeau.

Raphaël Legendre